Black-out sur la demande de référendum

Michel Soudais  • 9 décembre 2007
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Si vous lisez les journaux, écoutez la radio ou regardez la télé, vous savez sans doute que les chefs d’Etat et de gouvernement vont signer cette semaine – le 13 décembre exactement – le « traité simplifié » adopté pour remplacer la « Constitution » européenne. Il est moins probable que vous sachiez que ce traité dit de Lisbonne n’a rien de simplifié puisque très rares sont les médias qui en ont fait une présentation différente de celle des communicants de l’Elysée. Et vous n’avez aucune chance de savoir que cette cérémonie se déroulera dans un monastère, sauf si vous lisez ce blog.

Il y a aussi deux faits que la plupart des consommateurs de temps de cerveau disponible ignorent :
– ce traité est contesté ;
– des responsables et des formations politiques, qui tous ne sont pas hostile à ce traité constitutionnel-bis, des associations mais aussi de syndicats, réclament que le peuple soit de nouveau consulté.

Tout simplement parce que la plupart des médias se gardent bien d’évoquer les critiques. Surtout quand celles-ci portent sur le fond du texte. Ils font aussi silence sur les mobilisations engagées contre le mode de ratification que veut imposer Nicolas Sarkozy. Et ignorent superbement le moyen dont disposent les parlementaires pour imposer à ce dernier le recours au référendum.

Le lancement de l’appel du Comité national pour un référendum n’a donné lieu qu’à une petite brève dans Le Monde . Presque rien ailleurs.

Hormis dans l’Humanité , sous forme de compte-rendu ou de propos rapportés, le meeting du gymnase Japy, à Paris, organisé par le PCF le 27 novembre, et auquel ont participé Francis Wurtz, président du groupe GUE au parlement européen, Marie-George Buffet, secrétaire national du PCF, Cédric Clérin, responsable national de la JC, les socialistes Marie-Noëlle Lienemann (député européen) et Jean-Luc Mélenchon (sénateur de l’Essonne et président de PRS), Georges Sarre (MRC), Eric Coquerel (Mars-Gauche républicaine), ainsi que Christian Picquet (LCR), n’a donné lieu qu’à un petit article dans Le Parisien . Près de 600 personnes y assistaient pourtant. Reportage photo ici.

Le silence est encore plus assourdissant sur le meeting unitaire de Montpellier organisé par les Collectifs unitaires anti-libéraux de l’Hérault. Cette réunion s’est tenue jeudi 6 décembre et, à ma connaissance, seul le quotidien La Marseillaise en a rendu compte. Le lendemain, rien dans le Midi-libre . Etant rentré rapidement sur Paris, je n’ai pas pu voir si le principal quotidien régional qui avait dépêché un journaliste de son service des… sports, s’en est fait l’écho dans son édition du samedi. En tout cas, aucune agence de presse n’avait jugé utile de déplacer un journaliste. Il y avait pourtant du monde dans la salle Pitot, vraissemblablement plus de 600 personnes.

A la tribune se sont succédés, dans cet ordre:
– Yves Salesse pour les Cual,
– Aurélie Trouvé (co-présidente d’Attac),
– Denis Brouillet (Mars), un représentant des courants AlterEkolo et Ecologie populaire des Verts,
– Jean-Luc Mélenchon (PS-PRS),
– Jean-Claude Gayssot (PCF),
– Béatrice Négrier (MRC),
– Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs),
– Guillaume Zambrano, un juriste à l’origine d’une plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme suite au refus de Nicolas Sarkozy de procéder à un référendum (sa démarche est expliqué sur le site 29mai.eu,
– Roselyne Vachetta, ancienne députée européenne de la LCR,
– José Bové
– Pierre Khalfa du syndicat Solidaires.

En attendant le prochain numéro de Politis , c’est sur internet que l’on trouve encore le plus d’informations, avec un reportage photo sur la Photothèque du mouvement social, dont je vous reparlerai bientôt, et des vidéos du meeting mises en ligne sur Dailymotion.

Les partisans d’un référendum et les opposants au traité de Lisbonne (qui ne sont pas forcément les mêmes) doivent faire face à un black out de l’information bien plus intraitable qu’en 2005. Vendredi soir, à Belfort, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon et Francis Wurtz tenaient une réunion commune devant 250 personnes. Pas un mot non plus. Le seul meeting qui, jusqu’ici, a retenu (un peu) l’intérêt de quelques quotidiens nationaux est celui qui a mis, dimanche 2 décembre, Jean-Pierre Chevènement, Marie-Noëlle Lienemann et Nicolas Dupont-Aignan sur une même tribune. Il est vrai que cela prêtait à caricature…

Temps de lecture : 4 minutes
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