Quand Sarkozy voulait un référendum…

Michel Soudais  • 23 janvier 2008
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C’est une video qui devrait faire du buzz. Mise en ligne par Gauche avenir, on y voit Nicolas Sarkozy défendre le principe du référendum «à chaque grande étape de la construction européen» dans un discours prononcé le 9 mai 2004, lors d’un conseil national de l’UMP, à Auvervilliers.

Le président de la République n’était alors que le président de l’UMP. Mais ses propos peuvent parfaitement s’appliquer au traité de Lisbonne: «L’Europe, c’est le partage consenti d’une souveraineté et la souveraineté, c’est le peuple. A chaque grande étape de l’intégration Européenne il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple.»

Au moment où l’on nous répète sur tous les tons qu’il n’y a pas lieu de demander un référendum puisque Nicolas Sarkozy a annoncé durant sa campagne que le nouveau traité européen serait ratifié par la voix parlementaire, il n’est pas inutile de rappeler ce discours de 2004.

D’autant que, sur le fond, ces propos sont assez similaires à la critique que faisait le candidat du comportement des «élites européennes» dans Ensemble , son essai de campagne, paru début avril 2007.

Reste que ce n’est pas la première ni la dernière fois que Nicolas Sarkozy se contredit . Interrogé sur les municipales, le 8 janvier, lors de sa conférence de presse, le chef de l’Etat avait annoncé qu’il ne resterait pas «comme le ravi de la crêche» à «attendre que (ses) adversaires se mobilisent» , «parce que le concept même d’élection dépolitisée est absurde» . A Pau, le 22 janvier, c’est un tout autre discours qu’entonnait le chef de l’Etat: «Je n’ai pas à me mêler de la campagne municipale, à Pau ou ailleurs [^2] (…). Je ne veux pas me mêler du détail des municipales dans chacune des villes de France, ce n’est pas mon travail (…). Je ne vais pas m’engager sur chacun des combats municipaux.»

Entre ces deux déclarations, deux sondages ont montré qu’une grande majorité de Français considèrent que les municipales sont avant tout «locales». D’autres enquêtes d’opinion montre un recul rapide de la cote de confiance du chef de l’Etat. Ceci explique-t-il cela? Quoi qu’il en soit il y a tout lieu de s’inquiéter sur la capacité à gouverner d’une pareille girouette.

[^2]: Notons qu’à Neuilly Nicolas Sarkozy est tout de même intervenu personnellement pour imposer David Martinon à une UMP locale qui n’en voulait pas.

Temps de lecture : 2 minutes
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