Coup de coeur et coup de gueule

Michel Soudais  • 14 mars 2008
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Dans le brouhaha de la campagne et l’indécente danse de Saint-Guy de l’UMP et du PS autour du MoDem, j’aimerai vous faire part d’un motif de satisfaction et d’une colère. Toutes personnelles.

Le coup de cœur, c’est le bon résultat obtenu par la liste de gauche à Grabels (Hérault). Grabels, quoi? Je vous imagine déjà vous demander, intrigués, ce qu’il me prend de vous parler d’un patelin inconnu. Et c’est vrai que cette modeste commune (5.900 habitants) de l’agglomération de Montpellier n’est pas de la taille de celle dont on parle dans les « 20 heures » ou les journaux qui comptent [^2]. Elle intéresserait plus volontiers le « 13 heures » de Jean-Pierre Pernaut pour son chateau, son église aux deux clochers ou le font de l’Avy et sa promenade. Pourtant c’est bien de l’élection municipale que je veux vous parler. Car Grabels pourrait bien élire maire, dimanche, un socialiste comme on les aime à Politis . La liste conduite par René Revol est effet arrivée largement en tête la semaine dernière avec 44,56%, assez loin devant le maire sortant divers-droite (33,99%), une liste divers-gauche (14,09%), et une autre qui doit être un beau fourre-tout puisque la préfecture l’a classée dans la catégorie « divers » (7,36%). Ce nom ne vous dit rien? Vice-président de PRS, René Revol a été un des animateurs de la campagne du « non » dans l’Hérault avant d’être désigné à la tête de la coordination départemental des collectifs unitaires antilibéraux. Militant d’une union de la gauche sur une base antilibérale, René Revol s’est heurté à plusieurs reprise à Georges Frêche, au point que, en janvier 2007, les affidés de l’empereur de Septimanie ont voté son exclusion du PS. En vain puisque cette exclusion a été jugée non valide. Au moment où l’on reparle de plus en plus de la réintégration de Georges Frêche au sein du PS, l’élection de René Revol serait un joli pied de nez à l’indigne patron de la région. Un coin enfoncé dans le système frêchiste.

Mon coup de gueule est pour les services de Mme Michele Alliot-Marie. Quatre jours après le premier tour des élections municipales, on ne connaissait toujours pas avec exactitude le taux de participation au premier tour. Le ministère de l’Intérieur n’avait encore publié aucune statistique officielle indiquant le nombre total d’électeurs inscrits (ils devraient être autour de 44 millions), le nombre de votants – et donc le taux de participation – et le nombre de bulletins exprimés au scrutin du 9 mars. La seule statistique globale publiée sur le site du ministère porte sur les communes de plus de 3.500 habitants et 23.437.174 électeurs inscrits. Dans ces communes, il y a eu 16.754.695 électeurs
à se déplacer, soit un taux de participation de 61,07%. Un taux qui grimpe, selon le ministère, à 66,54% sur la France entière.
Mais ce dernier taux de 66,54%, le plus bas à pour un premier tour d’élection municipale depuis 1959, a été obtenu en faisant la moyenne des taux de participation dans les 104 départements de métropole et d’outre-mer où on a voté dimanche. On connaîtra le taux définitif (qui pourrait être entre 66,7% et 66,9%) quand le ministère aura centralisé les résultats de 600 communes qui manquent encore. À l’ère de la société de l’information numérique, c’est pas brillant! La rupture sarkozyste serait aussi une régression statistique?

[^2]: Ces journaux «de référence» se foutent d’ailleurs tellement de ce que pensent la France profonde qu’ils ne publient même plus les résultats des élections cantonales. À l’exception du Figaro . Mais parions que lorsque le quotidien de Serge Dassault aura réalisé que la majorité des cantons ont viré à gauche, il les passera lui aussi à la trappe.

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