La droite, la gauche et la«racaille»

Michel Soudais  • 18 mars 2008
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Le petit reportage d’I-télé sur la soirée électorale à Colombes est un petit document d’histoire et surtout une perle ethnologique sur la droite des Hauts-de-Seine. On y voit la foule des supporters de la liste Colombes Rassemblée arriver à la mairie avec le socialiste Philippe Sarre sitôt la victoire connue. Une foule impressionnante, bon enfant, qui fait le cauchemar de l’équipe municipale sortante. Et bien sortie puisque la gauche l’a emporté avec 53,6%.

Ne pensez pas que le monsieur et la dame qui voient des «racailles» et des «voyous» hanter les rues sont des citoyens lambda. Gérard Charlot et Françoise Masse étaient conseillers municipaux dans l’équipe de Nicole Goueta (UMP). Ils ont mené avec elle, et aux côtés de Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’homme (à l’étranger), une campagne du niveau de leurs déclarations.

La prise de la mairie

Ce qui s’est passé dimanche soir, le voici en quelques clichés. Après avoir rédigé vite fait un post où je vous annonçais notamment, dès 20h38, la victoire de Colombes dans la ville où j’habite (on vote sur des machines douteuses; le résultat est vite connu). Je me rend au local de la section du PS. Il est 20h50 et les nouveaux élus partent en cortège vers la mairie.
En quelques centaines de mètres sur la rue Gabriel-Peri la foule grossit, prévenue de la bonne nouvelle.
A l’approche de la mairie, la rue est plus étroite, la foule plus dense n’est plus qu’une vague qui porte le futur maire sur le perron de la mairie.
Il prend la parole pour des mots de remerciement, reçoit symboliquement de l’ancien maire communiste Dominique Frelaut, battu en 2001, une écharpe de maire. La parenthèse de la droite est refermée. C’est la première fois dans les Hauts-de-Seine qu’une ville de cette taille, conquise par la droite, repasse à gauche.
Dans le hall de cette mairie qui n’aurait jamais dû cesser d’être la maison du peuple, Madame le maire a fait installer des écrans de télé pour que les citoyens puissent la voir prononcer son discours devant ses seuls amis réunis, sur invitation, autour de beaux buffets au premier étage de l’Hôtel de ville. Les colombiens d’en haut ne veulent pas de contact avec les colombiens d’en bas. Toute la politique de l’UMP sur la ville pourrait se résumer dans cette ségrégation que je découvre quand Rama Yade cause dans la lucarne.
Les citoyens ordinaires qui la regardent, qui sifflent et protestent, n’ont rien de «racailles» ou de «voyous».
Je suis au milieu d’eux, avec eux. Ce n’est pas le cas de ceux qui, un étage plus haut, vivent la fin de leurs privilèges comme une nouvelle prise de la Bastille et le disent à I-télé. Pauvres d’eux.

Temps de lecture : 2 minutes
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