Municipales: le sort des ministres

Michel Soudais  • 9 mars 2008
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Vingt-deux ministres et secrétaires d’Etat étaient candidats aux élections municipales. Soit comme tête de liste soit en figurant sur une liste. Nicolas Sarkozy, fidèle à une certaine conception chiraquienne de la démocratie, les a assurés qu’ils conserveraient leur portefeuille même défaits. Ce qui n’a pas empêché le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, de renoncer à se présenter à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), un bastion socialiste, de peur d’y essuyer une raclée.

Quoi qu’ait pu décider à l’avance le chef de l’Etat, le sort électoral des ministres-candidats n’avait rien d’anodin. Et contribue à la lecture nationale de ce scrutin local. En cas de vote sanction, ces ministres auraient été des cibles toute indiquées de l’électorat. En 1977, scrutin de référence quand on parle de poussée de la gauche, sept des trente ministres candidats avaient été battus. Là, le compte n’y est pas. Treize ministres sont réélus au premier tour. Neuf sont en ballotage, mais dans le meilleur des cas sept peuvent être battus le 16 mars.

### Treize têtes de liste
Michèle Alliot-Marie , ministre de l’Intérieur, à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est élue avec 55,56% des voix. En 2001, elle avait été élue au 1er tour avec 51,86% mais une autre liste de droite avait réuni 17,58% des voix.
Eric Besson (sortant), secrétaire d’Etat à la Prospective et à l’Evaluation des politiques publiques, à Donzère (Drôme). Elu à 69,9 %. La traîtrise est récompensée.
Jean-Marie Bockel (sortant), secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie, à Mulhouse (Haut-Rhin), <img2578|right>est en ballottage avec 40,35% des voix au premier tour dimanche des municipales, mais avec une avance moins large qu’attendue. Son principal concurrent, le PS Pierre Freyburger, totalise 32,34% des voix. Et la liste FN de Patrick Binder (10,31%) peut se maintenir. Ce qui a fait dire à Jean-Marie Bockel que «la partie n’est pas gagnée d’avance» . À gauche les voix qui se sont portées sur LO (1,64%), la LCR (3,01%) et les Verts (4,59%) ne devraient pas se reporter sur le blairo-sarkozyste. Et la liste MPF (7,75%) était conduite par Gérard Freulet, ancien député, qui fut longtemps le leader du FN à Mulhouse et le principal opposant à Bockel.
Dominique Bussereau , secrétaire d’Etat aux Transports, à Saint-Georges-de-Didonne (Charente-Maritime, 5.000 habitants). Elu .
Luc Chatel , secrétaire d’Etat à la Consommation et au Tourisme, à Chaumont (Haute-Marne). Elu .
Xavier Darcos (sortant), ministre de l’Education, à Périgueux (Dordogne) est en ballotage . Il est devancé de 56 voix par son adversaire socialiste Michel Moyrand, qui obtient 45,70% des suffrages contre 45,25% à son adversaire. En 2001, Xavier Darcos l’avait emporté au premier tour avec 59,73% face au même adversaire (33,51%).
Rachida Dati , ministre de la Justice, dans le VIIe arrondissement de Paris en en ballotage favorable. Avec 49,50% au premier tour, elle fait mieux que la tête de liste RPR en 2001 (42,97%) dans un arrondissent traditionnellement de droite.
Christian Estrosi , secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, à Nice (Alpes-Maritimes) ets en ballotage . Il arrive en tête avec 35,80%, devant le maire sortant Jacques Peyrat (23,14%) et le socialiste Patrick Allemand (22,30%).
Nathalie Kosciusko-Morizet , secrétaire d’Etat à l’Ecologie, à Longjumeau (Essonne) ets en ballotage délicat. Elle arrive en tête avec 39,90% des suffrages devant le socialiste Jean-Claude Marquez qui menait une liste d’union de la gauche (36,08%). Philippe Schmit, le candidat du PS en 2001, à la tête d’une liste divers-gauche, obtient 12,82% et une liste divers-droite 11,20%
Hervé Morin (sortant), ministre de la Défense, à Epaignes (Eure, 1.150 habitants). Réélu .
André Santini , (sortant), secrétaire d’Etat à la Fonction publique, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) est réélu avec 56,76% des voix, bien en-dessous des 70,24% de 2001.
Laurent Wauquiez , porte-parole du gouvernement, au Puy-en-Velay (Haute-Loire) est élu dès le premier tour. Sa liste «apolitique» (56,45%) devance très largement celle de la maire socialiste sortante, Arlette Arnaud-Landau (40,34%), mère de l’ancien président du syndicat étudiant Unef, Bruno Julliard, qui avait été élue au premier tour en 2001 dans ce chef-lieu de la Haute-Loire (20.000 habitants), détenu par la droite depuis 1935. Une troisième liste du Parti des travailleurs obtient 3,22%.
Eric Woerth (sortant), ministre du Budget, à Chantilly (Oise) est réélu à Chantilly (65,40%) en améliorant de 2,8 points son score de 2001. Il n’y avait que deux listes.

### Neuf figurants (sur une liste)
Christine Albanel , ministre de la Culture, dans le IVe arrondissement de Paris est en ballotage très défavorable . La liste de Vincent Roger, dont elle était la n°2, est largement distancée (31,33%) par la liste de la candidate socialiste Dominique Bertinotti (48,49%).
Xavier Bertrand , ministre du Travail, à Saint-Quentin (Aisne) est élu . Il figurait en n°3 sur la liste UMP de Pierre André (60,80%) qui perd néanmoins 10 points par rapport à 2001.
Jean-Louis Borloo , ministre de l’Ecologie, et Valérie Létard , secrétaire d’Etat à la Solidarité, à Valenciennes (Nord, 43.198 habitants) sont élus . L’un était 5e, l’autre n°2 sur la liste « Ensemble vivre la passion pour Valenciennes » conduite par Dominique Riquet qui obtient 7.214 voix et 55,54% des suffrages exprimés. En 2001, la droite avait obtenu, au premier tour, 8.082 voix et 63,36%.
François Fillon , Premier ministre, à Solesmes (Sarthe, 1.300 habitants). Réélu .
Roger Karoutchi , secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) est élu . Il était 21e sur la liste «Regroupement populaire» de Alain-Bernard Boulanger qui obtient 52,34%, un score quasiment identique à 2001.
Christine Lagarde , ministre de l’Economie, dans le XIIe arrondissement de Paris est en ballotage très défavorable . La liste UMP conduite par Jean-Marie Cavada sur laquelle elle était n°2 n’obtient que 24,31%, loin derrière la liste socialiste de Michèle Blumenthal (46,07%).
Hervé Novelli , secrétaire d’Etat aux Entreprises, à Richelieu (Indre-et-Loire). Rélélu .
Rama Yade , secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères chargée des Droits de l’Homme (à l’étranger uniquement!), à Colombes (Hauts-de-Seine). <img2577|left>La liste UMP (sortante) est en ballotage défavorable à 42,46 %, derrière la liste de la Gauche rassemblée (PS, PCF, Verts, PRG, MRC) conduite par le socialiste Philippe Sarre (43,56 %). La benjamine du gouvernement s’est fait remarquer dans cette campagne par ses déclarations contre la gauche qu’elle a accusée de racisme et justifiant l’usge du Malodore contre les SDF. Numéro trois sur la liste de Nicole Goueta (UMP, ex-RPF), qui a multiplié les comportements indignes au cours de la campagne, elle a elle même été surprise en train de distribuer des tracts dans son ancienne école primaire à de jeunes enfants.

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