PCF-MoDem, le grand écart d’Aubagne

Michel Soudais  • 13 mars 2008
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C’est la fusion la plus déroutante de toutes celles annoncées depuis quarante-huit heures. À Aubagne, le maire communiste sortant, Daniel Fontaine, qui conduisait au premier tour une liste de large union de la gauche a décidé de fusionner au deuxième tour des municipales avec le MoDem Jean-Marie Orihuel. Ce dernier figurera en cinqième position sur la nouvelle liste, avec l’assurance d’être adjoint au maire en cas de réélection de M. Fontaine.

Depuis plusieurs mois, il se disait que la mairie d’Aubagne (43.000 habitants) était menacée de basculer à droite. Les résultats du premier tour ont plutôt éloigné ce scénario noir. La liste Fontaine a obtenu 47,51% des voix, contre 36,38% à l’UMP et 8,04 % au MoDem, le FN recueillant 8,07%. Et dans le département, le vent dominant n’est pas défavorable: pour la première fois depuis 25 ans, le PCF a vu presque tous ses maires réélus dès le premier tour (douze en tout) et a même gagné une mairie sur la droite, Port-Saint-Louis-du-Rhône (8.524 habitants). Pour ces deux raisons, une fusion avec le MoDem ne s’imposait pas. Même sous conditions. Selon des proches de Daniel Fontaine, le MoDem aurait ainsi accepté d’agir contre la politique de Nicolas Sarkozy, de refuser l’absorption de la ville par la communauté urbaine de Marseille et accepté le programme du maire sortant.

Cette fusion est d’autant plus étonnante que les engagements passés de Daniel Fontaine le classait plutôt parmi les refondateurs communistes les plus attachés au rassemblement unitaires des antilibéraux. Il avait ainsi accueilli dans sa ville, en février 2007, le meeting de lancement de campagne d’un candidat moustachu à l’élection présidentielle. Et pas seulement en spectateur… Voyez vous mêmes en cliquant sur la photo.

Pour l’heure, je n’ai trouvé aucun commentaire communiste sur cette fusion désavouée par contre par François Bayrou. Le président du MoDem, qui ne voit aucun inconvénient à ce que ses ouailles se vendent au plus offrant, au coup par coup, refuse de donner sa bénédiction, pardon son investiture, à ce mariage contre-nature: «Nous considérons qu’il faut avoir un minimum de patrimoine de repères
communs, le parti communiste pour l’instant n’entre pas dans ce patrimoine»
, a-t-il expliqué sur RTL. «Il faut que le tête de liste appartienne au courant démocratique républicain français» qui va «du PS jusqu’à l’UMP» . Si c’est pas un propos de droite ça…

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