Sarkozy : « Des réformes pour changer le peuple »

Michel Soudais  • 19 mars 2008
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Depuis ce matin, on connaît le but que Nicolas sarkozy assigne à son quinquennat. De son allocution en conseil des ministres, exceptionnellement rendue publique et consultable sur le site de l’Elysée, la plupart des médias n’ont retenu que ce qu’en dit le Figaro: «Il n’y aura pas de plan de rigueur.» Foutaise!

L’essentiel, et le plus inquiétant, est dans les trois premiers paragraphes de son propos. On n’en est pas surpris d’y lire que Nicolas Sarkozy fait, des élections municipales et cantonales, la même analyse que ses ministres et les responsables UMP qui plastronnaient dimanche soir à la télé : « Les enjeux étaient d’abord locaux. » Même si on peut s’étonner que le président explique à ces ministres ce qu’eux-mêmes nous serinent à chacune de leurs interventions médiatiques. Si ce n’est pas perdre du temps, ça !

Donc, poursuit le Président, puisque « ces élections ont exprimé un attente, une impatience, une interrogation aussi » sur la possibilité de tenir les promesses de la campagne présidentielle, « la plus mauvaise réponse serait de ralentir le changement » . Ça, on l’avait également compris.

La suite est éclairante: ### « Il faut au contraire tout faire pour mettre en œuvre la masse critique des réformes qui permettra de changer les comportements et les mentalités », etc.

Le discours est écrit, le président ne s’exprimait donc pas à la légère. On imagine que ses mots ont été pesés. J’en déduis deux informations capitales:
– que le mari de Carla Bruni, avec sa « masse critique de réformes », nous prépare une radicalisation thatchérienne. Son objectif est de parvenir à un point de non retour. En sorte que, s’il devait être battu en 2012, ne pourrait lui succéder qu’un Tony Blair à la française, en pantalon ou en jupe.
– que l’ancien maire de Neuilly, en affichant sa volonté de « changer les comportements et les mentalités », annonce qu’il veut modifier nos cerveaux. Conscient que le peuple résiste à la mise au pas de la France aux normes de l’économie libérales, Nicolas Sarkozy a donc l’idée ubuesque de changer le peuple .

Ce n’est pas le premier à en rêver. Mais au moins ceux qui, de par le monde, ont eu cette ambition ne se prétendaient pas démocrates.

Temps de lecture : 2 minutes
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