Ouverture d’une cellule d’aide psychologique pour militants et appareil socialistes en détresse et privés d’instruments de navigation

Les révérents père Kouchner et Hirsch attendent les militants socialistes désemparés dans leurs confessionals
Claude-Marie Vadrot  • 9 juin 2009
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Les grandes douleurs sont muettes : dans les rues, on n’entend guère les militants socialistes de plaindre car ils rasent les murs qui n’ont d’ailleurs plus d’oreilles depuis que la ministre de l’Intérieur installe des caméras partout. Mais dans le secret des bureaux, des appartements et des alcôves, la détresse est si profonde que comme pour toutes les grandes catastrophes, il va falloir ouvrir une cellule d’assistance psychologique et, probablement, convoquer à leurs chevets les divers représentants des religions ayant pignon sur rue en France. Pour que ces malheureux aillent à confesse ou pour que, dans les cas les plus désespérés, le Père Kouchner ou le père Hirsch puissent leur administrer l’extrême-onction, avec les saintes huiles fournies par le Président. D’ailleurs, dans une salle reculée de l’Elysée, les collaborateurs de Nicolas Sarkozy rangent soigneusement les débris du PS avant de les assembler pour les confier ensuite à un institut de çondage et à quelques légistes politiques qui s’efforceront de reconstituer les détails de la catastrophe après avoir retrouvé la boite rose chez Jean-Luc Mélenchon qui l’avait emportée à tout hasard. La reconstitution minutieuse du désastre pourrait servir de leçon à l’UMP qui craint être prochainement victime d’une semblable désintégration en plein vol ascensionnel. Dans le cas du PS, les instruments de navigation paraissent en cause depuis longtemps mais ils n’avaient jamais été changés. L’UMP redoute que la traversée prolongée d’une zone de turbulences avec le seul radar présidentiel ne finisse également par faire apparaître les faiblesses de leur appareil.

Au delà du travail archéologique de reconstitution d’un monument socialiste dont il ne reste, comme sur de nombreuses avenues parisiennes, qu’une façade ancienne mal retapée, en trompe-l’oeil (et en trompe couillon) il faut penser à l’aide individualisée et donc à la possible rémission des pêchés ; il est clair, par exemple, que le ### péché d’orgueil commis depuis des années par le parti socialiste, relève de la confession, qu’elle soit individuelle ou collective. D’autant plus que d’autres pêchés capitaux ont été commis : celui de### gourmandise pour avoir prétendu pouvoir bouffer tous les autres et enfin, le plus grave, le plus inavouable, celui qui ronge Jack Lang, Manuel Valls ou Claude Allègre :### l’envie qui pousse les plus pervers ou les plus connus des socialistes vers l’UMP. Comme le vide fascine certains suicidaires. Un autre pêché ronge depuis dimanche ces militants, même s’il n’est pas répertorié comme capital par les canons du droit ecclésiastique : ### le ### mensonge ; tant ils sont nombreux, ces désemparés du socialisme, dans le secret de l’isoloir, à avoir choisi de voter vert plutôt que rose, couleur devenue introuvable et indiscernable à force d’y mettre du bleu. Comment siéger dans l’assemblée de quartier des militants avec le nez qui remue ou qui s’allonge démesurément sans être menacé par la schizophrénie ? Avec la terreur, en cas de toux inopinée, de faire voir à tout le monde que, désormais, on crache vert. Pire que la grippe mexicaine et, surtout, beaucoup plus contagieux.

Donc, une cellule psychologique va devoir être installée rue de Solferino : car il ne faut oublier que c’est après avoir été témoin de l’horrible champ de bataille de Solferino, après avoir procédé au décompte macabre des morts et des blessés le 24 juin 1859, que Henry Dunant décida de fonder la Croix-Rouge. Pour les morts ou ceux qui ont déjà demandé l’asile politique chez les Verts ou à l’UMP, la cellule ne pourra rien faire, sinon tenter de consoler les proches, leur expliquer que beaucoup ont lutté jusqu’au bout et que ne voyant rien venir, endormis par leurs certitudes, ils n’ont pas vraiment souffert. Pour les autres, handicapés de la pensée et de la frustration, prisonniers de leur déni de socialisme non assumé jusqu’à dimanche dernier, il faudra, en dehors du passage éventuel à confesse, appliquer des thérapies de choc : les mettre au bio, les enfermer avec des nucléocrates ou des amis de Manuel Barosso, leur faire passer un week-end avec Marie-George Buffet ou encore, dans les cas extrêmes, les envoyer en stage d’aide-berger sur le Larzac à portée de fumée de la pipe de Bové. Les psy devront individualiser les ordonnances.

Reste une dernière solution en marge de cette cellule psychologique: distribuer, en guise de viatique, une lettre de demande de pardon signée par Ségolène Royal. Mais le problème reste entier car la vestale du Poitou ne sait pas à qui elle doit l’adresser. Peut-être à Bayrou, Lou Ravi du Béarn, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour avoir révélé d’être encore plus faux jeton (péché de mensonge) qu’il en avait l’air.

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