Maréchal nous revoila ! Dans le département de l’Essonne le chef de la police appelle à la délation par Internet. Discrétion garantie…promet la police

La vie va devenir difficile pour les Auvergnats qui vont continuer de migrer vers la région parisienne…

Claude-Marie Vadrot  • 19 septembre 2009
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Sans doute nostalgique de « l’heureux temps de la Kollaboration » pendant lequel une partie de la population était toujours disposée à donner un coup de main à ces flics qui se sont soulevés….quelques jours avant la Libération; mais en faisant preuve de modernité, le patron de la police de l’Essonne vient de prendre une initiative qui ira droit au coeur du Président, de l’Ump et de l’extrême droite qui regrettent le bon temps où les arrestations des déviants et des étrangers n’étaient qu’un détail de l’histoire : par courrier et par affiches, il invite les habitants de son département à transmettre leurs dénonciations sur leurs voisins et sur tous les « suspects » repérés dans les rues par courriels à la police. Il demande aux bons citoyens de transmettre à une adresse particulière « l es témoignages, les photos et les vidéos » qui peuvent intéresser la police. Il précise, au cas où les dénonciateurs auraient des doutes sur la déontologie ou les risques de leurs délations, que « la confidentialité est garantie ». On respire : les (bons) citoyens du département pourront donc balancer tous les voisins qui leur déplaisent, tous ceux qui leur paraîtront suspects et tous les passants bizarres, en ayant la certitude que les dénoncés ne le sauront jamais. Les dénonciations seront traitées deux fois par jour par les commissariats de police concernés. Donc, sur simple délation, la police enquêtera et mettra les noms de tout le monde dans son grand fichier. Les Auvergnats ont intérêt à se tenir tranquilles !

Les élus UMP de la région sont un peu gênés (enfin…certains) par la méthode mais ils trouvent, que dans le fond, cela pourra rendre service la police, que cela contribuera à améliorer la sécurité et à dissiper le sentiment d’insécurité et que cela pourra aider la population à sortir de son isolement. Le maire communiste de Grigny, lui pas gêné du tout, a expliqué qu’il n’était pas vraiment contre un tel système. A chacun sa référence sans doute : la police allemande pour les uns, le KGB pour les autres. On croit rêver, on se dit qu’il s’agit d’un cauchemar, d’une rumeur propagée par Internet. Non, pas du tout. J’ai vérifié, ça marche. J’ai dénoncé un drôle de mec sans cravate aperçu dans les salons du Palais de l’Elysée en train de recevoir quelques uns des 10 000 couillons qui voulaient vérifier qu’il habite bien là avec Carla. On va voir…, même si cela ne se passe pas dans l’Essonne. Peut-être qu’ils vont transmettre…

Mais l’appel à la délation ne dit pas clairement est suivi d’une 
réponse donnant les résultats de l’intervention de la police. Ce 
serait une sacrée belle interactivité !

L’inventeur de ce retour aux années sombres, Jean-Claude Boren-Garin, est l’ancien directeur de la Sureté en Isère et surtout il est lié au Président (1). Les oreilles de Politis qui traînent au ministère de l’Intérieur, c’est à dire chez un Auvergnat bien connu des internautes désormais, ont entendu dire que l’initiative de ce poulet de choc n’est qu’un poisson-pilote du ministère de l’Intérieur. Si ça marche, si les dénonciations sont suffisamment nombreuses, foi d’Hortefeux (le meilleur ami du Président), le système va être rapidement étendu de façon à pouvoir être annoncé et célébré par le président juste avant les élections régionales.

On ne vit pas une époque formidable ?

(1) Il me semble bien, si j’en crois mes notes de l’époque puisque j’étais sur place, que Jean-Claude Boren-Garin a fait partie de l’équipe du RAID qui a tué « Human Bomb » lors de la prise d’otages dans une école maternelle de Neuilly quand Nicolas Sarkozy en était le maire (tout en étant ministre)

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