Taxe carbone: à petit président, petite mesure. La civilisation du jetable et du gaspillage a de beaux jours devant elle

Claude-Marie Vadrot  • 10 septembre 2009
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L’oracle s’est prononcé. La désormais célèbre, mais dérisoire, taxe carbone ne servira qu’à faire semblant de lutter contre les désordres du climat. Surtout, elle évite soigneusement ceux qui produisent des produits néfastes pour la planète. Ne seront pénalisés que les utilisateurs d’essence pour rouler et de fioul pour se chauffer. Ce qui, ne résoudra évidemment rien et poussera un nombre grandissant de citoyens à se chauffer avec l’électricité. Avec les remerciements émus d’Electricité de France et de ses acolytes privés qui ne font que revendre sa production. Et ceux de la FNSEA dont les agro-industriels du maïs, de la vigne, du colza et du tournesol, pourront continuer d’épandre plus de 80 000 tonnes –le chiffre est reparti à la hausse-, de pesticides et engrais produits avec ou à partir du pétrole. En polluant, comme à Bourges où les analyses viennent d’en retrouver d’importante quantités dans l’air, et en prolongeant un gaspillage nocif pour la santé du milieu naturel et les habitants.

Le gaspillage des matières premières, le gaspillage de tous les produits et objets provenant du pétrole seront toujours proposés aux consommateurs puisque les industriels pourront continuer à les fabriquer sans être pénalisés. Tout comme les Auchan, Carrefour, Casino, Leclerc, Système U, Inter marché, Monoprix et même certains magasins de bio, pourront continuer sans souci financier d’importer des pommes du Chili et de Chine, des kiwis ou de l’agneau congelé de Nouvelle Zélande, des poires d’Argentine, du raisin d’Afrique du Sud, des tomates cerises d’Israël ou des haricots verts du Kenya. Et j’en passe.

Les assiettes et couverts en plastique encombreront toujours les magasins et nous ne sortiront pas de la civilisation du jetable. Celle qui voue rapidement à la décharge publique ou aux incinérateurs, les rasoirs, les mouchoirs ou les emballages superflus : des énormes cartons pour dissimuler de minuscules équipement informatiques en passant par les clous, les tournevis, les marteaux à ceux qui enveloppe des tomates, de la salade ou des concombres. Sans oublier les téléphones portables et autres équipements managers que l’on nous propose de renouveler sans cesse. Parce qu’ils ne sont pas fabriqués pour durer mais pour être rachetés.

L’oracle nous propose donc d’améliorer la planète et de redresser les désordres climatiques comme celui qui ravage la Turquie depuis quelques jours…mais surtout sans rien changer de nos précieuses habitudes. En maintenant la société du « jetable ». Parce que c’est bon pour la croissance. Mais, un jour, la civilisation du jetable touchera les politiques et les présidents…

L’oracle parle comme un écolo et agit comme l’ami des industriels qu’il est et restera. Le parti socialiste peut dormir sur ses deux oreilles et s’occuper de ses urnes plus ou moins bourrées.

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