«Charlie Hebdo», S’Émancipant (Tardivement), Raille (Durement) Le Big Boss De France Inter

Sébastien Fontenelle  • 24 février 2010
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Depuis quelques temps, les gens de Charlie Hebdo font rien qu’à moquer le mentonnu big boss de France Inter: Philippe Val, éditocrate.

Ce matin, par exemple, Charlie Hebdo a publié ce dessin de Luz, où le chef de l’État français, revenant des «chasses présidentielles» , a mis au mur quelques trophées, dont, notamment: Doc Gynéco, «le canard» , Frédéric Mitterrand, «le faisan» , Éric Besson, «le renard» .

Et aussi, gade bien en haut, à droite: Philippe Val, directeur de France Inter, «le lapin» .

C’est follement courageux, hein?

D’autant que c’est pas (du tout) la première fois que les gens de Charlie Hebdo l’asticotent: le 20 janvier dernier, relevant que «Philippe Val, directeur de France Inter s’était fait tancer pour avoir averti seulement deux jours avant son départ Patricia Martin d’une modification d’horaire de son émission» , ils notaient qu’ «outre-Atlantique, chez CBS, ce n’est pas beaucoup mieux» , puisqu’ «Anthony LaPaglia, interprète de Jack Malone, le héros de FBI: portés disparus _, est lui aussi très en colère car la série a été définitivement arrêtée, « _ sans même nous en parler « » .

Puis de conclure: «Après France Inter, Val pourra toujours postuler chez CBS.»

Pire encore, la semaine d’avant (le 13 janvier, donc, ça serait que tu suives un peu), Charlie Hebdo avait publié une brève quasi-outrageante, énonçant que «Philippe Val, directeur de France Inter, estime que la radio qu’il dirige «  coûte cher à l’actionnaire  » Sarkozy» , puis que «Val se trompe sur l’identité de l’actionnaire, mais a raison sur le coût de sa radio» , et qui se terminait par ces mots: «Le peuple, véritable actionnaire de France Inter, pourrait faire une économie en réduisant le salaire du directeur…»

Les gens de Charlie Hebdo n’avaient pas (du tout) été aussi audacieux, quand Philippe Val, en 2003, au temps qu’il était le big boss , non de France Inter, mais de Charlie Hebdo , avait donné son avis la nécessaire soumission des salarié(e)s à leur(s) actionnaire(s).

Après que Serge Halimi, journaliste au Diplo , avait eu l’effronterie de critiquer Le Monde , actionnaire de son employeur, Philippe Val, mêlant d’insulte son commentaire, avait, cette année-là, tranquillement écrit: «À sa place, pour échapper au destin lamentable de parasite dans la charpente, j’aurais démissionné du groupe Le Monde afin de m’exprimer librement – mais chacun sa merde et sa conception du métier.» [^2]

Or, à l’époque, les gens de Charlie Hebdo , loin de s’offusquer de ce que Philippe Val théorise publiquement qu’un(e)-salarié(e)-ça-ferme-sa-gueule-ou-ça-démissionne (et loin de réclamer qu’on lui réduise l’émolument pour lui apprendre à se maîtriser), avaient plutôt fait le choix de rester coi(te)s.

Mais bon: mieux vaut (très, très) tard que jamais.

[^2]: Charlie Hebdo , 24 décembre 2003.

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