Les passéïstes adeptes du nucléaire et défenseurs de leurs paysages repartent à l’assaut des éoliennes

Claude-Marie Vadrot  • 29 avril 2010
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Il y a quelques mois, Politis s’en était fait l’écho assez longuement, les groupes de pression anti-éolien avait mis en ligne et envoyé à de nombreuses associations et à des parlementaires une image de synthèse du Mont Saint Michel hérissé de grandes éoliennes. Cette « image » avait pour objectif de mobiliser les foules pour les inciter à empêcher l’implantation d’un champ d’aérogénérateurs autour du Mont. Projet qui n’existait évidemment que dans l’imagination de ces « militants » qui préfèrent les centrales nucléaires. Car les quelques éoliennes prévues ne devaient pas être le moins du monde proche de ce site naturel et monument classé. Il s’agissait à la fois de faire peur à la population et de provoquer une manifestation qui devait rassembler des « milliers » d’opposants et n’en regroupa qu’une centaine. Tous représentants des associations qui se lamentent sur leurs paysages et la dévaluation supposée de leurs châteaux, demeures historiques et autres résidences secondaires. Sans de préoccuper le moins du monde des « atteintes » aux paysages que constituent l’urbanisme commercial qui envahit la France, avec l’approbation des élus, des pylônes à haute tension ou bien sur des centrales nucléaires. Pour ce dernières, l’oubli est compréhensible puisque ces gens ont toute la sympathie (sinon plus…) des pro-nucléaires et de leurs associations qui leur font régulièrement écho. Dans des colloques officiels (Sénat) et des réunions comme celles qui se sont déroulées récemment dans le Loiret…tout prés de la centrale de Belleville.

La Fédération Environnement Durable (sic) qui réunit ces nostalgiques d’une France-décor qui n’existe plus bénéficie de l’appui du parlementaire Patrick Ollier, grand sympathisant lui aussi de l’énergie nucléaire puisqu’il s’oppose régulièrement depuis 2005 au développement de l’énergie éolienne, vient de récidiver en montant une campagne de « haute pression » destinée à impressionner tous les élus, au moment où la loi Grenelle 2, déjà en lambeaux, vient en discussion. Au moment aussi où se prépare un long débat public sur un champ d’éoliennes off-shore au large de la Seine Maritime.

Des journalistes, à la suite d’une erreur de manipulation ou plus sûrement, d’après nos informations, grâce à une « taupe » qui n’apprécie pas l’acharnement de ces soi-disant adeptes du « développement durable » soucieux de préserver leurs intérêts, leurs paysages et l’industrie nucléaire, viennent de recevoir les treize pages d’un argumentaire mensonger et des courriels et courriers préparés à l’avance, argumentaire, modèles et fausses informations que leurs adhérents et sympathisants sont priés de faire parvenir à tous les élus. A la veille des débats parlementaires sur la loi Grenelle 2, texte qui comporte un volet éolien qui a déjà été sérieusement mis à mal par Patrick Ollier. Au point qu’un parlementaire socialiste, Philippe Plisson, a démissionnée du poste de vice-président de la mission parlementaire consacré à ce sujet en déclarant il y a quelques semaines : « Patrick Ollier ne nous a pas caché que s’il ne tenait qu’à lui les éoliennes seraient purement et simplement interdites sur le territoire français ». En cela il reflète la pensée d’une partie de l’UMP qui a choisit ce thème pour s’opposer à Jean-Louis Borloo et à Chantal Jouano.

Parmi les perles relevées dans la prose transmise il y a quelques jours…
– Ecrivez quinze à vingt lignes comme vous le sentez et avec votre coeur pour demander de na pas voter cette loi inadmissible.
– Après avoir adressé votre mail à un député vous pouvez ensuite si vous le souhaitez envoyer une copie séparée à eolien.non@
– Vous pouvez aussi dire que s’ils soutiennent cette loi ils votent pour l’affairisme et la spoliation des biens des particuliers.
– Ou qu’ils assassinent tous les paysages de France
– Les éoliennes envahissent notre pays.
– Nous sommes écoeurés, notre vie a été brisée et nos familles se déchirent.
– Nous sommes victimes de ces machines géantes qui pourrissent notre vie.
– Les gens sont malades, ils ont peur de ces machines.
– Les spéculateurs harcèlent les communes.
– Les valeurs de la république sont atteintes : égalité des citoyens, c’est injuste.
– Ils ne veulent pas être « Zonés » (c’est de sinistre mémoire)
– Leurs biens sont atteints.
– Tout est opaque.
– La campagne est ravagée, etc.
– Ce sont des affaires d’argent et non d’écologie.
– Doit on laisser mettre des éoliennes industrielles par principe ? Parce que c’est la mode ? Parce qu’on se fiche de tout ? Tout le monde peut voir qu’elles dévaluent des régions entières, avec la perte de valeur de l’immobilier et la création de nuisances pour les riverains et l’environnement ?
– Les insultes ou attaques personnelles, les mots comme « corruption » sont à bannir et il vaut mieux ne pas mentionner les noms des promoteurs et ou les marques des entreprises (Cela ne servira à rien et en plus le « filtre » Cerbère de l’assemblée peut sans doute bloquer les mails)

Tous ces arguments et bien d’autres aussi faux feront bien rire les habitants de la Navarre qui vivent grâce à leurs éoliennes qui évitent, chaque hiver, d’avoir recours à des centrales au fuel ou au charbon puisqu’à cette saison les aérogénérateurs leurs fournissent entre 30 et 40 % de l’électricité qu’ils consomment. Sans être malades et sans que leurs « biens », la préoccupation dominante des anti-éoliens qui se recrutent dans ce que la France a de plus rance et de plus passéiste, soient dévalués. Alors que l’apport des éoliennes et du solaire (auquel ces gens s’opposent également) est nécessaire à la diversification de l’approvisionnement énergétique de la France. Comme aux Pays Bas, comme au Danemark, comme en Italie et comme en Allemagne….

Car bien entendu qu’un « tout éolien » serait aussi absurde que le tout nucléaire imposé sans discussion aux Français et que se pose aussi la question de l’avenir d’une autre production éolienne complémentaire, celle des petits aérogénérateurs qui peuvent s’installer dans un jardin ou une cour pourvu que leur hauteur ne dépasse pas dix mètres. Mais de cela, dans leur rage pro-nucléaire, les anti-éoliens n’en veulent pas non plus : de peur de « dévaloriser leurs biens ». Il ne faut même pas que les citoyens, avec le vent et le soleil, se réapproprient une part de l’énergie qui existe gratuitement.

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