Cannes 2010 : Un palmarès très réjouissant, la Palme d’or à « Oncle Boonmee… » d’Apichatpong Weerasethakul

Christophe Kantcheff  • 23 mai 2010
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Cannes 2010 : Un palmarès très réjouissant, la Palme d’or à « Oncle Boonmee… » d’Apichatpong Weerasethakul

Voici mon rapide commentaire du palmarès, prix par prix, du festival de Cannes 2010. Dans le numéro du journal à paraître jeudi, je reviendrai plus en détail sur ce palmarès, et sur cette 63e édition, globalement médiocre. Y figurera également une interview du cinéaste palestinien Raed Andoni, à propos de Fix me , l’un des films de la programmation de l’Acid dont la qualité a été largement reconnue.

Illustration - Cannes 2010 : Un palmarès très réjouissant, la Palme d'or à « Oncle Boonmee… » d'Apichatpong Weerasethakul

Palme d’or : Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures d’Apichatpong Weerasethakul

Tim Burton a osé ! Donner la Palme à Apichatpong Weerasethakul est un formidable geste en faveur d’un cinéma enchanté, qui n’est pas seulement d’une beauté troublante mais d’une humanité profonde, que le spectateur occidental perçoit s’il ne reste pas ethnocentré.

Grand Prix : Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois

Un film sans bondieuserie ni prosélytisme sur des moines qui vivent leur foi comme une école de courage et d’ouverture. Sans manichéisme non plus par rapport aux responsabilités des islamistes algériens. Le pathos est exclu mais l’émotion est forte.

Prix d’interprétation masculine, ex aequo : Javier Bardem , dans Biutiful d’Alejandro Gonzales Inarritu ; Elio Germano dans la Nostra vita de Daniele Luchetti

Deux membres du jury étaient Italiens : quelle efficacité ! S’imposer ainsi dans le palmarès est un tour de force tant le comédien et le film de Luchetti sont accablants. Javier Bardem était sur orbite pour ce prix depuis le début. Même si Biutiful est absolument contestable, le comédien est immense.

Prix d’interprétation féminine : Juliette Binoche , dans Copie conforme d’Abbas Kiarostami

Une bonne chose, même si c’est pour ce prix que j’aurais fait des ex-aequo. Juliette Binoche parvient à faire passer de la complexité dans son rôle de femme amoureuse et fragile.

Prix de la mise en scène : Tournée de Mathieu Amalric

C’est le prix qu’il fallait pour ce film enthousiasmant, plein de vivacité et d’impertinence. Une façon aussi de distinguer les american girls d’Amalric, les plus belles de tout le festival.

Prix du scénario : Poetry de Lee Chang-dong

Lee Chang-dong, qui est romancier, écrit des scénarios fluides, avec des personnages, qui sont souvent des femmes, aux ressources insoupçonnées. C’est le cas de la jolie soixantenaire (interprétée par la remarquable Yun Junghee) qui est le personnage principal de ce film et aussi son principal atout.

Prix du jury : Un Homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun

Le premier film africain subsaharien de la compétition depuis bien longtemps, et le premier film tchadien. Voilà peut-être les raisons de ce prix qui, malheureusement, couronne une œuvre assez faible.

Temps de lecture : 3 minutes
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