Les chiffres officiels sur le solaire et l’éolien illustrent le retard invraisemblable de la France sur les énergies alternatives; merci au lobby pro-nucléaire!

Claude-Marie Vadrot  • 9 mai 2010
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Les statitistiques publiées très récemment par le Baromètre européen de la Revue Systémes Solaires sur le recours aux énergies dites nouvelles ou alternatives, font apparaître plus que jamais l’invraisemblable retard de la France dans ce domaine. Retard qui résulte de la convergence d’une classe politique majoritairement ignorante et rétrograde, des efforts d’EDF qui veut conserver la primauté du nucléaire et d’une minorité agissante de Français qui veut protéger ses « biens » et ses paysages pourtant déjà bien endommagés par l’urbanisme commercial, les affichages sauvages, les pylônes à haute tension et les centrales nucléaires. Les chiffres officiels sont sans appel.

Pour l’éolien l’Allemagne dispose de 25 777 mégawatts installés, l’Espagne de 19 148 contre 4521 pour la France. Si on établit le ratio entre la puissance installée et le nombre des habitants, la France se trouve au 13° rang européen avec 70 Kw/h/habitant contre 627 pour le Danemark. Et, que l’on sache, les Danois, les Allemands, les Néerlandais ou les Espagnols ne se plaignent pas d’être assourdis ou rendus malades par les éoliennes. Et le lait de leurs vaches ne tourne pas plus que leurs animaux d’élevage ne sont « tués » par les ondes émises ( ?) par les aérogénérateurs. Alors que commence, au Tréport et dans d’autres villes un Débat Public sur une ferme éolienne qui serait installée au large des côtes de la Seine Maritime et de la Somme, les adversaires des éoliennes sont déjà parties en guerre contre des engins « qui stériliseraient (sic) la mer et feraient fuir le poisson » et couleraient les bateaux de pêche. Comme si, pour la désormais célèbre et ultra minoritaire Fédération Développement Durable appuyée par le lobby nucléaire, tout était bon pour empêcher cette diversification de notre approvisionnement énergétique. D’ailleurs alors qu’il n’existe aucune ferme éolienne off-shore en France, celles de Grande-Bretagne fournissent déjà 688 Mégawatts, celles du Danemark 663 Mégawatts, celles des Pays Bas 246 et de Suède 163. Sans qu’il ait été mentionné un quelconque « accident » et sans qu’ait été noté une disparition des poissons.

La preuve qu’il existe un puissant groupe de pression, au sommet de l’Etat et chez une majorité de parlementaires vivant encore au XIX° siécle contre les nouvelles sources d’énergie ne produisant pas de gaz à effet de serre: les chiffres du recours aux panneaux photovoltaïques fournissant, au réseau et aux particuliers, de l’énergie électrique, sont aussi consternants pour la France.

L’Allemagne vient en tête avec 9830 Mw/crête, suivie par l’Espagne avec 3520, l’Italie 1032, la République Tchèque 465 et la Belgique 363. Loin devant la France avec 280 Mw/crête installés. Si l’on fait, à nouveau, un ratio par le nombre d’habitant, la France se trouve au 11° rang avec 4,5. Loin derrière l’Allemagne, la Belgique, l’Autriche, l’Espagne ou l’Italie. Alors que ni l’Allemagne ni la Belgique, par exemple, ne sont réputées comme de grands pays d’ensoleillement. Le même retard de la France est évident pour les chauffe-eau solaires.

La preuve par les chiffres qu’après avoir été dans les années 80 à la pointe de la recherche dans les énergies nouvelles, la France, battue en brèche par les groupes de pression, a laissé passé une chance. Non pas de se convertir au « tout éolien » ou au « tout solaire », ce qui serait aussi idiot que le « tout nucléaire » mais de mettre en route une diversification source d’indépendance et d’emplois.

Cette cécité sur les énergies nouvelles est à rapprocher du renoncement à la diminution de l’usage des pesticides, au renoncement à la taxe sur les transports routiers et le refus d’une aide plus importante à l’agriculture biologique qui caractérise le texte de la loi dit Grenelle 2 en discussion devant les parlementaires.

A ceux qui, déjà, contestent ces chiffres: ils sont indéniablement officiels et quel que soit la façon dont on les tord et les interprête ils mettent en évidence le retard de la France dans le domaine du solaire et de l'éolien. Que l'on se situe du point de vue de la puissance installée ou de la production...
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