Mélenchon se lance en campagne avec le soutien du Parti de gauche

Michel Soudais  • 22 janvier 2011
Partager :

«Je vous interdis de venir avec des pancartes et mon nom dessus. Ne criez pas « Mélenchon président ». Si vous voulez crier, criez plutôt « Mélenchon présidons ».» C’est par ces mots, que Jean-Luc Mélenchon a terminé son discours, cet après-midi, devant le conseil national du Parti de gauche. Auparavant, cette instance, composée de quelques 200 délégués élus avait approuvé à l’unanimité moins trois abstentions une résolution «proposant la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle» dans le cadre du Front de gauche.

Illustration - Mélenchon se lance en campagne avec le soutien du Parti de gauche

«Après avoir examiné avec soin les autres candidatures qui se sont déjà déclarées [^2], nous pensons en effet qu’elle est celle qui exprime le mieux la dimension de rassemblement qui constitue la singularité du Front de Gauche» , lit-on dans ce texte qui souligne que «les élections législatives devraient voir désignée une majorité de candidats issus du PCF, qui par son nombre de sortants et son ancrage sur le territoire, jouera un rôle clé dans cette élection qui constitue le rendez-vous démocratique essentiel à nos yeux, nous qui militons pour une Sixième République parlementaire par la convocation d’une assemblée constituante» .
Traduction:
1. La très grand majorité des candidats et des élus (les sortants, qui sont ceux qui par définition ont le plus de chance de siéger à l’Assemblée après 2012) étant issus du PCF, le Front de gauche ne peut montrer la diversité de son rassemblement qu’en confiant à une personnalité extérieure à ses rangs.
2. Ce grand nombre de candidats communiste garantit qu’il n’y aura pas d’effacement du PCF dans la campagne, une crainte sur laquelle joue les courants identitaires et orthodoxes du PCF pour tenter de convaincre la base militante communiste de présenter un candidat de la famille.
3. Le Parti de gauche (et son candidat), loin de céder à la présidentialisation de la vie politique et la personnalisation redoutée par les communistes, considère que les législatives priment la présidentielle.

J.-L. Mélenchon devant le CN du PG.

L’avertissement de Jean-Luc Mélenchon sur les pancartes qu’il ne veut pas voir n’avait donc rien d’une coquetterie. Dans son discours, le co-président du Parti de gauche, qui a présenté les trois grands axes programmatiques de la «révolution citoyenne» qu’il veut présenter au pays, a pris soin de préciser que «l’acte un» serait la convocation d’ «une constituante» sans laquelle ni le «partage des richesses» ni la «transition écologique» , ses deux autres axes, ne sont envisageables.
Jean-Luc Mélenchon, qui sait qu’il doit encore convaincre une base communiste dubitative et parfois hostile[^3], s’est dit «en campagne» , invitant ses amis à faire de même: «C’est maintenant qu’il faut se lever, où que vous soyez en métropole, en outre-mer, dans votre village ou dans la grande cité, marchez, marchez votre chemin!» , leur a-t-il lancé. En plein accord avec la résolution voté quelques minutes plus tôt qui veut «dépasser la construction originelle de cartel de partis et renforcer et élargir le Front de Gauche» , il a appelé à des «assemblées citoyennes» et souhaité que les élections cantonales soient «le premier tour de l’élection présidentielle» . Afin que celle-ci soit l’occasion d’un vrai débat et d’une vraie confrontation d’idées, il a demandé à ses auditeurs d’être «porteurs de discorde» face aux «usages policés d’une certaine société» . Parmi eux, il range la stigmatisation du «populisme», dont le dessin de Plantu cette semaine dans L’Express est le dernier avatar: «Une ruse des puissants pour abolir le clivage droite-gauche» , selon lui. «Ce qui transparait derrière ceux qui dénoncent le populisme, c’est leur haine du peuple.»
Faisant référence à la «révolution en Tunisie» , il a estimé qu’il n’y avait pas «un risque de contagion» mais «une chance de contagion!» . Pour «éradiquer la précarité» et «instaurer le cercle vertueux du partage» dans le pays, «nous, les Français, nous avons à abattre notre propre oligarchie, celle de la bande du Fouquet’s!» .

«Essayons de rassembler tout ce qui peut l’être», a conclu le député européen du grand Sud-Ouest, qui a ouvert une liste d’appui à sa candidature sur son blog et n’exclut pas de rallier des socialistes. «Ne nous regardez pas nous battre comme nous le faisons» , «chacun de nous est responsable de l’effort qu’il apporte au destin commun» , a-t-il dit à leur attention.



[^2]: André Chassaigne et André Gérin.

[^3]: «Ne croyez pas ceux qui disent que tout est réglé, rien ne l’est !» , a-t-il lancé aux délégués du PG. «Tout est à construire il faut maintenant convaincre.»

Temps de lecture : 4 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don