L’aveu de Sarkozy: la ministre de l’Ecologie Kosciusko-Morizet abandonne son poste sans être remplacée et le porte parole du PS ne trouve rien à redire

Claude-Marie Vadrot  • 18 février 2012
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Bon, c’est fait, le gouvernement et le président de la république ont mis fin à la fiction qui perdurait depuis un peu plus de quatre ans: le ministère de l’écologie a disparu ; sa titulaire, Nathalie Kosciusko-Morizet, après avoir fait de moins en moins d’esbroufe depuis qu’elle a embrassé José Bové et accepté le détricotage des rares avancées du Grenelle de l’environnement, vient de quitter son poste pour être la porte-parole du candidat-président-candidat. Un vrai coming-out : l’aveu soupçonné depuis des années mais désormais révélé, que pour cette femme, l’écologie n’était pas un choix mais un tremplin intelligemment choisi. Car ce n’est pas un hasard, alors qu’il existait beaucoup de possibilité, que c’est le ministère de l’Ecologie qui est passé à la trappe! Un signal pour agriculteurs, pollueurs, industriels et autres agités du Medef.

Elle va donc porter la parole de celui qui explique depuis deux ans que « l’écologie sa suffit », que les algues vertes n’ont rien à voir avec l’agriculture, qu’il ne faut pas fâcher les chasseurs, qu’il ne faut pas embêter les grignoteurs de nature et les constructeurs d’autoroutes et qu’il ne faut surtout pas organiser un référendum sur le sortie du nucléaire ; mais plutôt stigmatiser les chômeurs et les étrangers. C’est vrai quoi, les chômeurs et les étrangers ça peut exploser d’un moment à l’autre, par un vieux réacteur.

Il reste quelques jours aux parlementaires, notamment ceux de droite et de gauche qui ont voté au début du mois la nouvelle loi sur la chasse, pour fignoler quelques textes qui plomberont encore plus tout passage à une société éco-responsable. Ce n’est pas notre gauche traditionnelle qui protestera.

Evidemment, rares étaient les écolos, les « ravis » du Grenelle par exemple, à croire encore aux vieilles promesses présidentielles. Mais la disparition de la ministre, montre à quel point le président n’en a plus rien à faire des écolos et de l’écologie. Le cynisme est à la mode et ne fait pas de vagues vertes.

Avec une Eva Joly inaudible, un François Hollande que ces questions ne passionnent pas, un Jean-Luc Mélenchon tenu en laisse par les productivistes communistes (il fallait les entendre samedi matin sur un marché du Loiret défendre le nucléaire !), l’écologie est très mal partie pour figurer en prime time dans ce qui reste de la campagne électorale présidentielle et de celle qui lui succédera pour les législatives de juin.

Confronté à NKM mercredi 22 février sur France Inter au cours d’une séquence de 30 minutes hésitant en permanence entre l’ennui et une solide langue de bois, Manuel Valls n’a pas trouvé un seul instant pour demander des explications à son interlocutrice et pour s’étonner ou s’indigner que le gouvernement ait jugé bon de « supprimer » un ministère d’Etat consacré à l’écologie! Ce qui, malgré la fiction du rattachement au Premier Ministre, signifie que tout ce qui concerne l’environnement disparait d’un coup de baguette magique de la préoccupation électorale!

Cet oubli, qui avalise, une décision sans précédent, augure mal de l’aprés-élection, quelle qu’en soit le résultat…

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