Les motards ont raison de râler !

Claude-Marie Vadrot  • 25 mars 2012
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Les usagers des deux roues à moteur, qu’ils roulent en cyclomoteurs, en scooters ou en motos, ont fort justement rappelé samedi et dimanche en manifestant, qu’ils n’entendent pas être sacrifiés à ceux qui persistent à se déplacer, en général seuls, sur quatre roues. Ils sont logiquement exaspérés d’être présentés comme des gêneurs qu’il serait nécessaire de brimer au profit de ceux qui ne veulent pas se passer de leurs caisses. La même remarque s’applique à ceux qui choisissent la bicyclette ou le vélo à assistance électrique, deux moyens de transport également traqués par les policiers parce que les autorités politiques, au contraire de certains maires courageux, souhaitent dissuader ceux de nos concitoyens qui ne choisissent pas la facilité et s’opposent, comme les utilisateurs de deux roues motorisé, au dieu bagnole censé nous sauver de la crise économique. L’industrie automobile a ceci en commun avec le nucléaire : on prolonge son agonie au nom de l’emploi.

Et que l’on ne vienne pas me raconter que les deux roues sont « dangereux » : je roule en scooter depuis 1975 et peux témoigner, même si la situation s’est améliorée, que le danger vient en général des conducteurs de voitures. Quand un choc se produit, ce n’est pas l’automobiliste qui est blessé ou tué, mais celui qui circule sur deux roues. Ce n’est pas avec un gilet réfléchissant et quelques autres brimades démagogiques, que l’on évitera les queues de poisson vindicatives, les changements de direction non signalés et toutes les formes d’impunité ressenties par ceux qui s’abritent derrière une carrosserie.

Que l’on ne vienne pas me raconter non plus que les deux roues à moteur polluent plus que les voitures, car c’est le contraire. D’abord parce que leur consommation de carburant est plus faible que celle des automobiles. Parce que l’essentiel des deux roues qui circulent en zone urbaine ont des cylindrées largement inférieures aux voitures. Ils rejettent donc les mêmes gaz que les voitures, ni plus ni moins, mais en quantités moindres étant donnée leurs puissances réduites. De plus, les deux roues motorisés ne contribuent pas (bien au contraire) aux embouteillages et circulent de façon largement plus régulière. Sans se préoccuper de la météo, ils se déplacent, hiver comme été, en occupant un espace minimum sur les chaussées. Un risque assumé : que serait la circulation des grandes villes si tous les conducteurs de deux roues choisissaient la bagnole ?

Les utilisateurs de deux roues motorisés dégagent de l’espace public au profit de ceux qui, pour des raisons d’âge, d’impossibilités physiques, d’enfants à véhiculer ou d’objets à transporter, n’ont pas d’autres solutions, en fin de semaine ou tous les jours, que d’avoir recours à la voiture. Alors qu’on nous foute la paix, que les autorités cessent de nous charger de tous les péchés, même si, de toute évidence, y a autant de cons chez les conducteurs de deux roues que chez les automobilistes.

Dernière remarque au sujet de l’apartheid dont nous sommes les victimes : il y a 18 mois, abandonnant une vieille bagnole ne me servant plus depuis longtemps au profit d’une scooter hybride (essence et électricité, donc) j’ai demandé si j’avais droit à une prime, à une reprise d’Etat. La réponse fut négative. Cela ne m’a pas empêché d’acquérir l’engin encore moins énergétivore et pollueur que les autres deux roues, mais cela illustre à quel point les autorités méprisent ce moyen de transport. Ils n’existent que pour supporter de nouvelles contraintes destinées à complaire démagogiquement au peuple automobiliste.

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