Le climat, la banque mondiale pessimiste, la ministre de l’Ecologie et Notre Dame des Landes

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Claude-Marie Vadrot  • 26 novembre 2012
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Le rapport que vient de publier la banque mondiale intitulé « Turn down the Heat » a fait l’objet lundi après midi d’une discussion en vidéo conférence entre son auteur, Rachel Kyte qui a travaillé auparavant pour l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, et Delphine Batho, ministre de l’Ecologie. L’échange n’a pas été boulversifiant. Il a notamment fait apparaître que la ministre française n’était pas très optimiste sur les chances de succès de la conférence climatique de Doha et que la Vice-présidente maniait parfaitement la langue de bois internationale, refusant notamment, en réponse à une question de Politis , la responsabilité de son organisme dans le dérèglement climatique avec ses investissements passés. Ceci alors que le constat publié par la Banque mondiale est accablant. Le document élaboré par l’Institut de recherche de Postdam indique en effet que « le réchauffement climatique mondial pourrait atteindre 4° d’ici à la fin du siécle malgré les engagements actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre » . Et le rapport explique notamment que les conséquences du changement pourraient être catastrophiques notamment, en pointant les événements suivants.

  • Inondations des villes côtières
  • Risques accrus pesant sur la production vivrière qui pourraient conduire à une hausse des taux de sous-alimentation et de malnutrition.
  • Aggravation de la sécheresse dans les zones arides et du niveau d’humidité dans les zones humides.
  • Vagues de chaleur sans précédent dans beaucoup de région et particulièrement sous les tropiques.
  • Aggravation sensible des pénuries d’eau dans beaucoup de région.
  • Intensification des cyclones tropicaux.
  • Perte irréversible de la biodiversité.
  • Toutes les régions du monde sont menacées, mais les pays pauvres sont ceux qui souffriront le plus. La hausse de 4° n’est cependant pas inévitable.
  • L’adoption de politiques de développement durable pourrait permettre de limiter le réchauffement planétaire à moins de 2°.

Mais ni la Vice-présidente de la Banque mondiale ni la ministre de l’écologie n’ont expliqué comment un tel objectif pourrait être atteint. Alors que Delphine Batho a affirmé que ce rapport était « un désaveu cinglant contre les résistances des climatosceptiques » tout en répétant sa grande inquiétude sur les résultats de la Conférence de Doha, « notamment parce que la marge de négociation de l’Europe est faible, en particulier en raison de l’attitude de la Pologne ».

Un rapport de plus que chacun oubliera lors de négociations au cours desquelles les égoïsmes nationaux risquent de jouer un rôle important.

Questionnée à propose du paradoxe consistant à maintenir le projet du nouvel aéroport de Notre Dame des Landes en arguant d’une augmentation du trafic aérien, alors que celui ci contribue au réchauffement climatique et que le kérosène sera de plus en plus cher, la ministre a botté en touche en évoquant le projet de taxe sur le trafic aérien.
On retiendra enfin qu’à partir du 4 décembre, trois ministres seront présents à Doha pour la phase finale de la négociation, Delphine Batho, Pascal Canfin et Laurent Fabius.

**Les trois illustrations ci-dessous ont été tirées du rapport de la banque mondiale. Ils n’incitent pas à l’optimisme… *

Illustration - Le climat, la banque mondiale pessimiste, la ministre de l'Ecologie et Notre Dame des Landes

Illustration - Le climat, la banque mondiale pessimiste, la ministre de l'Ecologie et Notre Dame des Landes

Illustration - Le climat, la banque mondiale pessimiste, la ministre de l'Ecologie et Notre Dame des Landes

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