Y a qu’à les inventer !

Marie-Édith Alouf  • 27 mars 2013
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Je vous ai parlé dans mon précédent post de ces mots qui nous manquent, et particulièrement de celui qui devrait me permettre de désigner la déprime qui me saisit à l’idée de devoir porter toute la journée des chaussettes qui me dégoulinent méchamment sur le mollet, tel un amas d’enquiquinements sur ma carcasse. 

Lire > Ces mots qui nous manquent

De fait, il m’est revenu à l’esprit que la réponse était peut-être dans un livre que j’ai feuilleté il y a quelque temps chez mon amie Anne, et dont je vous recommande la lecture à haute voix en société. Il s’agit du Baleinié, dictionnaire des tracas (ça fait envie, hein ?), paru au Seuil sous la plume de Christine Murillo, Jean-Claude Leguay et Grégoire Oestermann. Un recueil de néologismes désignant toutes ces menues contrariétés de la vie quotidienne. On y trouve ainsi la « plute » (pour l’étiquette du prix oubliée sur un cadeau), le verbe « abrataphier » (pour le fait de se prendre la manche dans la poignée de la porte un bol de café à la main) ou encore le « boulboss » (pour le camion qui vous masque systématiquement le panneau sur l’autoroute)…Vu qu’il y en a trois tomes, c’est vous dire si la vie quotidienne est riche en sournoiseries gluantes qu’il fallait absolument nommer. 

Il faut croire qu’on est nombreux à manquer de mots ou d’expressions, car l’écrivain Christophe Tison s’est lui aussi prêté au jeu dans son livre Nos vies formidables . Son éditeur (Sonatine) le définit ainsi : « Une série de définitions drôles et précises sous forme de mots-valises, dessinant le portrait craché et caché de notre époque. »J’en ai retenu notamment le « happy-sushi », qui m’a crié de vérité à la face : « Soulagement lorsque, le matin, on découvre sa boîte aux lettres vide. Sans facture ni lettre de rappel. Juste un peu de pub pour Sushi Express. »

Dans un genre nettement moins anxiogène, je me suis reconnue aussi dans sa « taxe-plaisir » : « Paradoxe de supermarché qui consiste à choisir longuement et soigneusement les produits de base les moins chers. Puis, en fin de parcours, à jeter sans hésiter dans son panier une plaquette de chocolat “amandes caramélisées et beurre salé” à un prix prohibitif en trouvant normal de la payer si cher. »

C’est réconfortant de se sentir compris !

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