Pascal Canfin dans la bataille pour les mots

Politis a publié dans sa dernière livraison ( n°1252) des extraits d’un document, bilan de la première année de Pascal Canfin, au Ministère du Développement. En accord avec la tribune de Nathalie Péré-Marzano, du CRID, nous pouvons -à quelques réserves renvoyant souvent au contexte dans lequel il évolue- nous féliciter de l’action de notre ancien confrère au sein d’une équipe qui tant s’en faut ne mérite pas unanimement la même appréciation ; même si dans notre champ nous ne pouvons qu’encourager les efforts déployés par Benoît Hamon, ministre en charge de l’ESS pour faire aboutir un projet de loi, à discuter certes mais utile et opportun.C’est justement la réflexion sur l’Economie sociale qui fonde le reproche que nous faisons ici à Pascal Canfin.

Jean-Philippe Milesy  • 13 mai 2013
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Il dit en effet « Le nom d’abord. Le ministère de la Coopération, avec tout ce qu’il pouvait véhiculer, n’existe plus […] Entre la France et les pays africains il n’y a plus de relations obigées… »

Certes nous convenons tous, nous qui travaillons à une Economie Sociale émancipatrice et solidaire au-delà des frontières, que les politiques dites de Coopération ont produit bien des effets délétères voire contraires aux objectifs revendiqués (une pensée cependant pour des militants comme Jean-Pierre Cot ou Charles Josselin).
Mais le mésusage d’un mot demande-t-il qu’on le jette dans les poubelles de l’Histoire ?

Le mot coopération a justement une Histoire. Elle est au cœur de notre démarche. Elle a mobilisé des femmes et des hommes engagés dans un travail commun pour répondre à un besoin économique et/ou social. Les coopérateurs ont offert à l’ES l’essentiel de ses principes (liberté, égalité, solidarité), développé l’essentiel de ses valeurs (gestion démocratique, impartageabilité des résultats, double qualité…). Les coopérateurs aujourd’hui de par le monde, et très souvent au sein de pays, aujourd’hui encore ou récemment du moins, objets des politiques de développement auxquelles s’attache justement le ministre jettent les bases d’une économie, d’une société alternative au capitalisme libéral.

La coopération fondamentalement s’oppose à la concurrence, à la compétition que veulent imposer les libéraux ; elle est une démarche collective, librement consentie, non-violente par essence.
_ Alors il y a eu bien sûr (et peut-être çà et là encore) la Françafrique, qu’il s’agit de bannir, comme il y a des coopératives dégénérées qui n’ont plus de la coopération que le nom. Mais ne renonçons pas à ce nom pour autant.

Dans le débat sur le périmètre de l’ES, de ses perspectives, beaucoup conviennent de l’importance des appellations. La façon de nommer les choses est un élément de la bataille, ou plutôt de la confrontation, culturelle et politique qui anime les différents courants de l’ES.
_ « Coopération » en tant que référence est trop investie d’histoire et de sens pour qu’on ne se batte pas pour lui.

A ceci près, souhaitons à Pascal Canfin un bon anniversaire ministériel et quelques autres à la suite !

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