ESS et prisons : un communiqué de l’ACJR devant la croissance du nombre de détenus

L’Association Coopératives Justice Réinsertions (ACJR), qui rassemble de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire et porte un projet d’économie sociale et solidaire pour les prisons au travers la création de coopératives de gestion économique et d’appui à la réinsertion dans les établissements pénitentiaires, a pour objectif de développer de véritables partenariats avec l’ensemble des acteurs de la vie carcérale et post-carcérale, et en premier lieu les Personnels et Cadres de l’administration pénitentiaire (AP).

Jean-Philippe Milesy  • 3 juin 2013
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La déshérence actuelle dans laquelle on laisse les prisons et les personnes a de quoi inquiéter l’ensemble de la société. On ne fabrique pas de nouveaux citoyens sur la base des humiliations que subissent tous les jours les personnes détenues et leurs familles. Pour que les prisons redeviennent des lieux privatifs de liberté dignes et utiles à la réhabilitation et contribuent à la réinsertion sociale et professionnelle des personnes et à l’apaisement de la société, il est urgent de prendre en compte les revendications légitimes des Personnels et Chefs d’établissement, qui se sentent totalement délaissés et abandonnés par l’Etat, comme si leur sort était négligeable.

Et pourtant, les Personnels et Cadres de l’AP sont de véritables professionnels de l’humain et représente la troisième force de sécurité du pays, ce qui leur confère une indiscutable légitimité en termes de garde et de réinsertion des personnes incarcérées. Leurs avis doivent être écoutés et pris en compte.

C’est pourquoi l’ACJR apporte tout son soutien au rassemblement des Directeurs d’établissement devant le Ministère de la justice, à l’appel de FO Direction, le 28 mai 2013 et à leurs justes et urgentes revendications.

L’ACJR demande par ailleurs une accélération de la construction des Unités de Vie Familiale (UVF) dans tous les établissements pénitentiaires, Maisons d’arrêt incluses, en respectant les normes fixées par la loi d’une UVF pour 150 détenus.

Cependant, il existe dans cette grande misère carcérale, des acteurs qui dégagent des profits financiers en faveur de leurs actionnaires. Ce sont les bénéficiaires des PPP, mais aussi toutes les entreprises capitalistes qui interviennent en prestataires dans les établissements, sans qu’on puisse dire que cela a pu améliorer la situation depuis qu’elles y sont présentes. Au contraire, cette intrusion a été pour l’Etat et les gouvernants depuis plus de vingt ans le moyen de supprimer toujours plus de crédits, de financements et de personnels.

C’est cet état de chose qui conduit l’ACJR à proposer, tant à l’Administration pénitentiaire qu’aux acteurs de l’Economie sociale et solidaire, le projet d’une nouvelle approche économique coopérative en réponse aux besoins des établissements, de l’ensemble des acteurs, des détenus, anciens détenus et personnes placées sous main de justice, ainsi que leurs familles.

Il s’agit travailler, sur l’ensemble du territoire national, région par région, à la mobilisation de l’Economie sociale et solidaire (coopératives, structure de l’insertion par l’activité économique, associations…) pour répondre en commun aux marchés et appels d’offre transverses de l’Administration pénitentiaire, et proposer un partenariat nouveau sur la base de l’éthique coopérative, porteuse de nouvelles relations apaisées dans les lieux de détention et dans une société malade de son système carcéral actuelle, et dont les résultats seraient réinvestis dans la prévention, l’accompagnement et la réinsertion.

La société aura tout à gagner de cette nouvelle approche, tant il devient urgent de faire entrer la République au sein des prisons, et de placer les prisons au sein de la République et en finir avec la fabrication de Camps de prisonniers désœuvrés et avilis, dont la dangerosité augmente sans cesse.

Il est plus que temps que la France présente un autre visage qu’uniquement punitif, répressif, repliée sur la vengeance par institution interposée, qui ne fait que développer les haines et endurcir les personnes sortantes de prison, augmenter le ressentiment et l’errance sociale et donc fragiliser le tissu social.

Nul être humain ne peut vivre au sein d’une société en étant dans le même temps ostracisé pour le reste de son existence. Seuls un gouvernement et un Parlement de progrès peuvent mettre un terme définitif à cet obscurantisme qui se diffuse dans la société, qui la gangrène, qui la racornit, la maintient dans le populisme et la prépare au fascisme de l’insécurité permanente, au lieu de lui redonner confiance en elle, dans ses institutions et dans ses fonctionnaires.

Les documents relatifs à l’initiative à l’ACJR sont consultables sur
http://rencontres-sociales.org/spip/spip.php?rubrique153

Contact :
contact@rencontres-sociales.org
– Hervé Bompard : herve.bompard@hotmail.fr

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