Du « Hollande bashing » … (3)

… et de ses raisons (les miennes).

Bernard Langlois  • 13 septembre 2013
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De ces débuts hésitants, louvoyants, du spectacle de ses démêlés conjugaux exposés au grand jour (dont les médias faisaient gorges chaudes, et se régalaient les réseaux sociaux), l’opposition de droite crut pouvoir déduire que le vainqueur de Sarkozy était un caractère faible. Elle fit aussitôt campagne sur le thème du président mollasson.

Il faut bien dire que l’air ballot du Président, ses bras ballants, ses postures — à l’ordinaire bon enfant, un peu ridicules dans les circonstances solennelles —, semblaient lui donner raison : avait-on vraiment là un chef, digne de notre grand pays ?

Or elle avait tort, l’opposition.

C’est qu’on n’accède pas à la plus haute marche du pouvoir sans être doté d’une détermination d’airain, d’une volonté sans faille, d’une application de tous les instants. Avec ses airs bonasses et son côté blagueur, François Hollande avait bien berné son monde, à commencer par ceux de son camp. Et Sarkozy, qui pensait n’en faire qu’une bouchée, en avait été pour ses frais (façon de parler, ce n’est jamais lui qui régale …).

Non Hollande n’est pas un mou.

C’est un dur formé à la meilleure école, celle de François Mitterrand : l’école du cynisme.

Illustration - Du "Hollande bashing" … (3)

Prendre le pouvoir, le garder le plus longtemps possible : une fin en soi ; les méthodes pour y parvenir : bonnes, dès lors qu’elles sont gagnantes ; ligoter les siens dans les rets d’une victoire qui les engraisse et en fait des obligés : le B.A. Ba du politicien talentueux ; faire croire aux militants et aux électeurs qu’ils sont, eux aussi, des gagnants — n’a-t-on pas, tous-ensemble, tous-ensemble, ouais !, terrassé le dragon d’en face ? — même si rien ne change dans leur vie quotidienne : l’art même de la politique.

Et le temps que les floués s’aperçoivent qu’ils le sont, une nouvelle élection se profile, qu’il faudra bien gagner encore, quoi qu’on en ait, sauf à rendre à l’adversaire les clés de la Cité.

Dans les institutions de la Vè République, ce « coup d’Etat permanent » que dénonçait le Florentin (avec quel talent polémique !), avant d’en faire son ordinaire quatorze ans durant, le piège bipolaire fonctionne à merveille, dont toute la fougue d’un Mélenchon (ou avant lui celle d’un Chevènement), ne parvient pas à desserrer les mâchoires : pourquoi donc se préoccuper d’une « gauche de la gauche » (c’est-à-dire d’une gauche, tout simplement), puisqu’au bout du compte, clientèle captive, elle vous assurera le report impeccable du second tour, celui qu’il ne faut surtout pas perdre ?

A l’exception de l’accident traumatisant de 2002, le PS né en 1971 à Epinay d’alliances internes entre des carpes et des lapins curieusement tombés d’accord pour se soumettre au cobra royal qui les fascinait, la machine électorale attrape-tout tourne comme une horloge quand le droite n’en finit pas de se diviser, se regrouper, se remodeler, se refondre ; et change de sigle et de statuts à chaque échéance.

C’était donc au tour du député de Corrèze de se caler

Illustration - Du "Hollande bashing" … (3)

dans le fauteuil présidentiel. Comme son modèle vénéré, il y parvint en promettant monts et merveilles au « peuple de gauche », en affichant son mépris de l’argent et des riches, en désignant d’un doigt vengeur cet ennemi invisible qu’il entendait bien, (« il connaît pas François, ce con ! ») éparpiller façon puzzle : « la Finance » (puisqu’il faut l’appeler par son nom) …

Comme on a vu, après quinze mois de pouvoir hollando-solférinien, « la Finance » ne s’est jamais aussi bien portée, et son ministre attitré, l’homme qui murmure à l’oreille des patrons, veille à ce qu’elle soit chez nous comme chez elle.

« Heureuse comme Dieu en France », disait-on autrefois. (A suivre) .

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