Résignation ?

La faible mobilisation des syndicats regroupés contre la nouvelle (?) réforme (?) des retraites, à savoir CGT, FO, FSU, Solidaires, traduit-elle une adhésion des citoyens à ce texte nuisible ? C’est ce que la CFDT, favorable à ces nouveaux reculs, a laissé entendre reprise en cela par de nombreux chroniqueurs. Mais les études d’opinion disent en fait le contraire. 81% des Français se disent très inquiets pour CSA-L’Humanité. 61% rejettent les décisions prises pour BVA (31/08/13) et 56% approuvent la mobilisation syndicale pour le Parisien (09/09/13).

Jean-Philippe Milesy  • 21 octobre 2013
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Alors que les annonces de licenciements se poursuivent à un rythme constant, même si certains se croient autorisés à affirmer « le début d’une inversion de la courbe », alors que le principal effort fiscal reposera en fait sur les classes moyennes et les classes populaires, on est en droit de s’interroger sur la modestie des réactions des syndicats (du moins ceux qui ne participent pas ouvertement à la politique gouvernementale) et des citoyens en général.
Le Monde récemment affirmait que ceux-ci entendaient s’exprimer à l’occasion des élections plutôt que dans la rue. Ceci ne manque d’inquiéter quand on considère l’offre politique actuelle et que l’on constate le peu d’écho que semble rencontrer l’opposition de gauche, le FdG notamment, mais aussi ceux qui au sein du PS sont conscients des politiques anti-sociales.

De récents propos de David Graeber, l’universitaire américain auteur de Dette, dans son dialogue avec Thomas Piketty pour Médiapart (06/10/13) cherchent à donner une explication :
_ Ce sentiment d’impuissance vient notamment du fait que, depuis trente ans, les appareils de persuasion ou de coercition, ont été davantage mobilisés pour gagner la guerre idéologique que pour n’importe quoi d’autre, y compris créer les conditions de la viabilité du système capitaliste. Le néolibéralisme a privilégié le politique et l’idéologique sur l’économique. Stratégiquement, cela veut dire qu‘il a préféré tout déployer pour faire croire que le capitalisme est viable à long terme, plutôt que s’atteler à le rendre viable à long terme. Le résultat, c’est une guerre de l’imaginaire, efficace au point que les gens qui se retrouvent avec des boulots de merde pensent que rien d’autre n’est possible.

C’est bien au niveau de ce qui serait l’anéantissement de la pensée de gauche par les appareils idéologiques libéraux, que se trouverait la résignation si souvent dénoncée.
_ Oui mais les citoyens sont-ils résignés dans la durée ? ou bien ne sont-ils que désarmés dans l’instant.

Les sondages cités ci-dessus semblent confirmer que l’esprit de résistance n’a pas disparu même si beaucoup s’interrogent sur les moyens de l’exprimer.
_ Le récent succès d’Alternatiba à Bayonne (plus de 10.000 participants engagés et prenant la parole) donne l’idée de ce qu’un effort d’éducation populaire, une mobilisation s’appuyant sur un territoire peut produire.

Alors ne nous résignons pas à la résignation dont on voudrait nous convaincre.

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