UNEDIC : vers un diktat du Medef ?

Nous nous étions inquiétés des négociations UNEDIC à venir (voir notre article).
Alors qu’elles viennent de commencer, nous nous trouvons hélas confirmés dans notre sombre prévision. Le MEDEF pousse son avantage dans un climat politique marqué par le Pacte de Responsabilité et les renoncements successifs du Gouvernement.
_ Or les exigences du patronat touchent aussi les entreprises de l’ESS alors qu’elles sont absentes des débats.

Jean-Philippe Milesy  • 18 février 2014
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*Assurance chômage : le MEDEF joue les provocateurs

La tension est montée d’un cran dans la négociation de la convention d’assurance chômage : le MEDEF s’obstine à ne considérer que l’angle strictement comptable. Jusqu’à mettre sur la table de négociation un document de propositions très provocatrices.

Alors que nous proposons de moduler les ressources de l’UNEDIC en fonction du déséquilibre du régime, le MEDEF propose de moduler le niveau d’indemnisation des demandeurs d’emploi en fonction du niveau de chômage.

Alors que nous avons l’objectif de ne pas réduire les droits des demandeurs d’emploi, le MEDEF veut reculer l’âge à partir duquel ceux-ci peuvent prétendre à 36 mois d’indemnisation. Plus fort encore, le MEDEF propose que les salariés percevant une indemnité au moment de la rupture de leur contrat de travail ne reçoivent plus d’allocation chômage à la mesure du montant de leur indemnité de rupture. Avec ces propositions patronales, certains salariés, notamment ceux que représente la CFE-CGC, se verraient exclus du bénéfice de l’assurance chômage !

Faire payer plus ceux qui génèrent le déséquilibre du régime UNEDIC, les entreprises utilisatrices de contrats courts, voire très courts (moins d’un mois), il n’en est pas question pour un MEDEF qui préfère réduire les droits des intermittents du spectacle.*

Cette analyse, très nette, est celle de la CFE/CGC !

En finissant, elle évoque les « intermittents » dont la mobilisation se fait entendre. Tout le monde sait que ce n’est pas le principe des « annexes » qui pose problème. C’est le mésusage qu’en font de grandes sociétés de l’audio-visuel (mais aussi des grands espaces d’expositions commerciales) et plus encore le non paiement des cotisations par les employeurs, y compris à travers des sociétés ad’hoc liquidées sans que soient remplies leurs obligations sociales.
Les « abus » souvent ressassés, ceux qui touchent les gros cachets du cinéma français ou les petits arrangements, pèsent peu à l’égard de ces mauvaises pratiques.
La liquidation des annexes mettrait en revanche en péril de nombreux acteurs du secteur de la culture dont beaucoup d’associations.

Il en est de même avec ce que voudrait le patronat pour la couverture chômage des travailleurs saisonniers. Les exigences du MEDEF aggraverait dans de terribles proportions la précarité de milliers de salariés dont ceux du tourisme et notamment ceux du tourisme social,
comme l’explique dans ses prises de positions le FSS <www.forumsocialsaisonniers.com>.

On voit qu’au-delà de leur statut d’employeurs « ordinaires », sur ces deux statuts particuliers que les entreprises de l’ESS sont touchées
et pourtant elles n’ont toujours pas leur mot à dire. C’est une situations qui ne saurait durer. Mais l’optimisme n’est pas de mise si l’on considère à l’absence de toute référence à l’ESS lors des présentations des orientations nouvelles prises par le Pouvoir.

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