Syndicats et Economie sociale

La question des relations entre syndicats et ESS est au cœur de ce blog. Rares sont les contributions à ce débat. Les OS sont de plus en plus enfermée dans les manœuvres politiques du « dialogue social à la française » pour les unes, dans l’âpre défense des droits, du travail et des salaires pour les autres. Nous publions ici une prise de position de Marcel Caballero pour les « Brèves du Ciriec »

Jean-Philippe Milesy  • 21 mars 2014
Partager :

La Confédération espagnole des sociétés de travailleurs (CONFESAL) et les deux principales organisations syndicales, Commissions Ouvrières et Union Générale des Travailleurs, viennent de signer un accord avec l’objectif de développer des initiatives conjointes pour faciliter la participation des salariés dans les entreprises et développer la formation sur la connaissance du monde de l’économie sociale. Il s’agit de proposer une alternative viable et des opportunités à ceux qui souhaitent s’engager dans la création de sociétés de travailleurs. Cet important évènement s’inscrit dans une politique des syndicats espagnols qui ont toujours considéré les coopératives et, plus généralement, l’économie sociale comme leur allié naturel.

Car c’est bien d’alliance qu’il s’agit, en renouant avec des pratiques qui s’inscrivent dans les gênes du mouvement syndical. En effet, le syndicalisme et ce que nous appelons aujourd’hui l’économie sociale sont, historiquement, consubstantiels. Dès l’origine, la lutte pour de meilleures conditions de travail et de rémunération s’est accompagnée d’une aspiration à l’émancipation économique.

En France, l’économie sociale d’aujourd’hui, qu’elle se décline dans la mutualité, la coopération ou l’associationnisme, doit beaucoup au syndicalisme. Si les entreprises de l’économie sociale sont nées de la nécessité, dans une période où la classe ouvrière tentait d’échapper à la misère par ses propres moyens, elles sont également issues des syndicats qui aspiraient à la gestion directe de l’économie. Avant d’avoir le droit de créer des syndicats, les ouvriers n’avaient-ils pas organisé leur solidarité au sein des sociétés de secours mutuel, qui furent les ancêtres des mutuelles actuelles ? Les grandes mutuelles de fonctionnaires n’ont-elles pas été constituées par les syndicats ? Si les liens se sont distendus, jusqu’à se rompre quelquefois, c’est pour des raisons qu’il serait utile de réexaminer, à froid, maintenant que cela est devenu possible et qu’il est devenu souhaitable de recréer des synergies. C’est à quoi le CIRIEC s’emploie.

Dans le monde, les initiatives des syndicats dans le champ de l’économie sociale sont nombreuses ; elles revêtent des formes et obtiennent des résultats très variables, en fonction des contextes historiques, économiques et sociaux propres à chaque pays. Certaines initiatives ont échoué. D’autres ont échappé au contrôle de leurs promoteurs. Les plus pérennes sont, apparemment, celles qui ont su s’adapter aux attentes des adhérents et à l’évolution des marchés et, surtout, celles qui se sont dotées de systèmes de gestion où le professionnalisme des dirigeants compte autant que leurs qualités militantes.

Syndicats et économie sociale sont aujourd’hui confrontés à de nouveaux défis. Les premiers voient leurs ambitions mises à mal par les politiques d’austérité ; la seconde doit changer d’échelle pour pouvoir exploiter les opportunités crées par la faillite du modèle économique dominant. Les uns et les autres recherchent de nouvelles alliances. Pourquoi ne pas renouer le partenariat historique qui les a fait naître ? Le CIRIEC-France, où ils œuvrent ensemble, leur procure l’occasion d’en débattre.

Publié dans
Les blogs et Les blogs invités
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don