Tarnac : dossier clôt sans preuves mais Manuel Valls ne veut pas fâcher sa police…

Claude-Marie Vadrot  • 18 juin 2014
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Le 11 novembre 2008 à l’aube, une centaine de policiers cagoulés cernent envahissent une épicerie-buvette alternative de du paisible village de Tarnac en Corrèze. Bilan de cet assaut, cinq personnes arrêtées tandis que dix autres étaient interpellés en France. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, la DCRI, Direction centrale du Renseignement Intérieur et la section spécialisée de la Police judiciaire annonçaient qu’ils avaient débusqué une bande de terroristes français de « l’ultragauche ». Précisant que plusieurs d’entre eux étaient responsables d’un attentat (raté) contre un TGV. Les détails furent rapidement fournis sur le chef de bande et sa compagne, Julien Coupat et Yildine Levy, présenté comme les têtes pensantes d’une « cellule invisible » ayant placé une barre de fer sur les caténaires de la ligne. Peu à peu, repris sans la moindre vérification par une grande partie de la presse, tous les éléments accusant ce groupe de « terroristes » avaient été distillés par la ministre et les policiers. Résultat : des inculpations lourdes de conséquences et neuf incarcérations. Et un juge, Thierry Fragnoli, instruisant à charge dans le sens souhaité par la ministre.

Prés de six ans après ce coup politique minutieusement préparé, les neuf inculpés sont tous libres de leurs mouvements. Ils ont récupéré leurs passeports et leurs droits de se déplacer en France et à l’étranger. Une nouvelle juge a été désignée il y a deux ans et son instruction n’a rien apporté de neuf. L’enquête a fait apparaitre que des policiers en planque ont menti, qu’une partie de leurs procédures étaient illégales et que l’essentiel de leurs informations avaient été fournies par un certain Mark Kennedy, à la fois espion anglais et affabulateur infiltré dans le groupe.

L’arrivée de la gauche au pouvoir n’a rien changé. Tout simplement, explique un syndicaliste policier qui a suivi les premières années de l’enquête avant d’en être écarté, parce que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est refusé à désavouer une police anti-terroriste sur laquelle il souhaite s’appuyer. Pourtant la juge d’instruction a clôt son dossier sans nouvel élément. Et il revient au parquet soit de prononcer un non-lieu, soit de renvoyer les inculpés devant un tribunal. Mais le problème, c’est qu’un procès ferait apparaitre l’absence de charges et surtout les incohérences et mensonges de l’enquête. Il est donc plus que jamais urgent d’attendre. Avec la perspective de l’abandon des charges pendant le grand silence médiatique de l’été…

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