Russie: l’embargo sur les produits frais révèle la faiblesse économique et agricole du pays

Claude-Marie Vadrot  • 13 août 2014
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Que la Russie, soit contrainte d’importer des fruits, des légumes, de la viande de porc et de bœuf ainsi que du lait ou des yaourts, dit crument à quel point l’agriculture de ce pays est négligée depuis des années. Même si le fait que ce pays soit désormais privé de camemberts Président et autres produits laitiers de même origine douteuse, est plutôt une bonne nouvelle pour le palais des Russes qui ont les moyens de les acheter, essentiellement à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. L’agriculture russe, sauf pour le blé (et pas tous les ans) n’existe plus vraiment et l’arboriculture autrefois florissante dans le Sud du pays, n’est plus qu’un lointain souvenir…

Il suffit de parcourir la Russie pour apercevoir des centaines de milliers d’hectares en friche et comprendre que la moitié des élevages ont disparu depuis une bonne quinzaine d’années. L’agriculture et la production de viande ne rapportant pas suffisamment aux oligarques, ils préfèrent exploiter les nombreux minerais du pays ainsi que son gaz ou son pétrole ou investir dans l’importation de produits, alimentaires ou autres, qui rapportent sans grands investissements. Lesquels seraient pourtant nécessaires quand on observe aux sorties des grandes villes (Saint-Pétersbourg, Moscou, Volgograd…), tous les immenses ensembles industriels abandonnés et rouillés, y compris ceux qui étaient spécialisés dans la production de produits de consommation courante.

L’agriculture russe est descendue à un tel niveau que des dizaines de millions de citoyens ruraux ou de petites villes ne pourraient pas se nourrir correctement si les « jardins de subsistance » n’avaient pas pris une si extraordinaire extension qu’ils fournissent, par exemple, 70 % des pommes de terre consommées par les familles aux revenus modestes. Une proportion largement supérieure à celle de la période soviétique où ces « jardins » privés suppléaient déjà aux insuffisances des kolkhozes et des sovkhozes. Il suffit d’ailleurs de fréquenter les marchés russes pour constater également qu’une grande proportion des produits frais provient des républiques indépendantes d’Asie Centrale ou du Caucase.

Qu’un grand pays possédant, notamment dans le Sud, des terres aussi riches, ne parvienne pas à être autosuffisant, non pas en camembert et autres fromages, mais en produits frais et laitiers ou en poissons, en dit long sur la gestion organisée par le Kremlin.

La FNSEA, comme à l'ordinaire, pleure des larmes de crocodiles sur le sort des paysans français qui seraient menacés par l'embargo sur les exportations vers la Russie. Comme si les petits paysans et petits maraichers, ceux qui sont actuellement étranglés par la grande distribution étaient concernés par cet arrêt des exportations. Il ne touche que les vedettes de l'agro-business parfaitement représentées par leur président, Xavier Beulin, lequel met et mettra sur le dos des Russes, son acceptation de la baisse des prix d'achat imposée par les centrales d'achat de Carrefour, d'Intermarché, d'Auchan et du pire de tous: : Michel Leclerc, celui qui assassine les paysans avec le sourire et sous les applaudissements de nombreux médias
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