Humans of New York : l’humain d’abord, en photos

J’ai découvert il y a quelques temps le blog [Humans of New York](https://www.facebook.com/humansofnewyork) sur Facebook. « Site internet d’arts et de sciences humaines », précise le sous-titre. Ce site-là a entrepris de décrire notre monde par la photo. « Human », un qualificatif qui lui va à merveille.

Le Yéti  • 15 septembre 2014
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Humans of New York : l’humain d’abord, en photos
<div align="left">« Je l'ai trouvé dans une poubelle. Je l'ai appelé Shadow (ombre) parce qu'il me suivait partout. »<br>(New York, USA)</div>

Au moment où j’écris ces lignes, Brandon Stanton est en Inde. Il a donné un rendez-vous Facebook sur une place de Delhi à ses « followers » indiens de l’endroit. Ils sont venus (remarquez bien l’âge moyen) :

Humans of New York a été fondé en novembre 2010 par le photographe Brandon Stanton, 30 ans. Chaque photo de Humans of New York est accompagnée d’un petit texte, un extrait de conversation entre le photographe et ses modèles de l’instant.

Humans of New York ne limite pas son champ d’investigation à la seule mégalopole américaine, ni même au seul territoire des États-Unis. Brandon Stanton a fait plusieurs périples au Moyen-orient (Iran, Jordanie, Irak…), s’est arrêté en Afrique noire (Ouganda, Sud Soudan…).

<div align="left">« Quelle est la chose la plus importante que votre mère vous ait apprise ? »<br> « Si vous achetez des aliments, vous devez les manger avec quelqu'un d'autre. »<br> (Kampala, Ouganda)</div>

Brandon Stanton vient tout juste de faire un détour par l’Ukraine. Comme sur la majeure partie des clichés de Humans of New York, les sujets photographiés y regardent résolument l’objectif en face.

<div align="left">« Quand j'avais quinze ans, j'ai été violée par trois garçons, pendant un tournoi de gymnastique. J'avais tellement honte que je suis allée m'allonger sur une voie ferrée, et j'ai attendu l'arrivée d'un train. Au dernier moment, j'ai essayé de m'échapper. Je me suis réveillée un mois après. C'était le milieu de la nuit, et j'ai senti immédiatement que quelque chose manquait. J'ai ausculté tout mon corps et j'ai réalisé que j'avais perdu mon bras. Maintenant, je conseille les adolescents diagnostiqués séropositifs. Je suis toujours la première à les rencontrer après qu'ils aient obtenu leurs résultats. J'essaie de leur expliquer qu'il y a un moyen de sortir de situations les plus impossibles. »<br> (Odessa, Ukraine)</div>

Une démarche engagée

Brandon Stanton

Et nous, au fait, de quoi pouvons-nous être le plus fier ? Quelle sont nos rêves les plus fous que nous ayons réalisés ? De quels actes pouvons-nous nous enorgueillir ? Oserions-nous poser pour l’appareil photo de Brandon Stanton en regardant l’objectif en face ?

Pour ma part, une de mes plus jolies satisfactions a été de découvrir le site Humans of New York grâce à ma fille de vingt ans. Elle, ses sœurs, ses ami(e)s, et tous celles et ceux de sa génération, dont fait partie Brandon Stanton, que nous stigmatisons si souvent et si facilement pour leur supposée indifférence et leur désengagement (regardez donc l’âge moyen des quelques 9,6 millions de « followers » de HONY).

Car qu’y a-t-il de plus engagée que la démarche de Humans of New York ? L’humain d’abord — tiens, ça me rappelle quelque chose — magnifié par des photos intensément humaines qui resituent l’humain dans son environnement, avec ses désillusions, ses rêves, ses espoirs, ses révoltes…

« Bon, papa, que je t’explique. Si tu ne veux rien rater des photos de Humans of New York, tu ouvres ton compte Facebook, tu vas sur leur page et tu cliques sur le bouton « s’abonner ». Oui, oui, là, en haut à droite ! »

<div align="left">« Quel est votre plus grand combat en ce moment? »<br>  « J'ai adopté un fils il y a environ six mois. Il est âgé de 3 ans 1/2 et nous avons des difficultés avec son comportement. Il court en tout sens, déterre les plantes, frappe les objets avec des bâtons. Il a passé toute sa vie dans un orphelinat et a été privé de l'attention des adultes. Le psychologue nous a dit que c'est la raison pour laquelle il agit ainsi. »<br> « Qu'elle est votre moment le plus heureux avec votre fils ? »<br>  « Un matin, je me trouvais dans la cuisine, il m'a embrassée sans me demander. »<br> (Korzhi, Ukraine)</div>
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