Il faut vivre …

… contre son temps

Bernard Langlois  • 29 septembre 2014
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C’est le titre d’un livre qu’on ne trouve pas en librairie, qu’il faut commander directement à ceux qui l’ont écrit et le publient : le groupe grenoblois PMO (pour: « Pièces et main d’œuvre »), dont j’ai déjà parlé ici, et qui inscrit sa réflexion et son combat militant contre la technicité moderniste et marchande.

Leurs textes sont régulièrement publiés sur la Toile et (si j’ai bien compris, car je n’ai pas encore lu l’ouvrage que je vous signale, et que je vais commander dès aujourd’hui [^2], sur la foi d’un sommaire que je juge intéressant), il est constitué d’une série d’entretiens accordés, de façon très sélective, par ce groupe sur un certain nombre de supports (papier ou électroniques) choisis.

Illustration - Il faut vivre …


Voici, in extenso , le communiqué, reçu ce matin, par lequel ils annoncent cette parution :

* »En dix ans, Pièces et main d’œuvre a donné une trentaine d’entretiens à la presse écrite, en ligne et à la radio. C’est assez pour démentir la réputation de sectarisme que nous ont faite quelques médiatiques dont nous refusions les exigences. Animaux politiques, certes, mais pas bêtes de cirque. Nous avons répondu à ceux dont nous jugions l’intérêt sincère et les questions intéressantes, sans considération de leur audience, de leur prestige, ni de leur statut, commercial ou militant. Nous l’avons fait aux conditions évidentes d’avoir le temps et la place de dire ce que nous avions à dire, sans qu’on y touche une virgule. Nous n’avons pas sollicité. Nous avons refusé les talk-shows, les invitations qui ressemblaient à des convocations et les unités de bruit médiatique qu’on nous offrait à des moments ou sur des sujets où nous n’avions rien à dire.

« Nous avons également refusé les portraits et les questions sur Pièces et main d’œuvre . Pour nous connaître, il est suffisant et nécessaire de nous lire. On doit juger sur pièces et non pas sur une signature. Nous avons accepté nombre d’entrevues avec des journalistes de passage dans la technopole qui n’ont donné lieu à nulle publication. Ils avaient besoin d’informations et nous n’avions pas de raison de leur refuser ce que nous donnons à tous. Nous distinguons les salariés des mass media de leurs entreprises de falsification du réel, même si beaucoup sont trop avilis pour maintenir cette distinction entre leur individu et leur industrie. De plus vertueux que nous trouveront coupable de parler à des journalistes. Le reproche s’est insinué, mezzo voce, deux ou trois fois en dix ans. A l’usage, il est apparu que nos censeurs n’avaient rien pour attirer l’intérêt de ces journalistes qu’ils affectaient de mépriser, malgré leurs efforts soutenus et sans vergogne pour y arriver. L’un se serait bien retenu de respirer jusqu’à ce qu’on le laisse passer à la télé. L’autre qui voyait dans la pieuvre médiatique, l’essence même du monde qu’il combattait, ne manquait pas d’aller caresser les tentacules du monstre, dans l’espoir qu’on claironnerait ses œuvres. D’où le dépit.

« Nous n’établissons pas ici de principes. Nous disons ce que nous avons fait et non pas ce que nous ferons lors de circonstances futures et en raison de considérations nouvelles. Nous publions ce recueil d’entretiens pour qu’un lecteur curieux de la critique des technologies sache ce que nous avons vraiment dit. Comme une introduction à la quinzaine de livres que nous avons écrits avec nos amis, aux Editions de L’Echappée, et au Monde à l’Envers. Mais un lecteur, c’est déjà un ami. Comment atteindre avec des mots, désormais, ces masses qui n’ont plus de mots, privées de langage par des décennies de destruction scolaire et de divertissement industriel ?

« Merci de faire circuler, »*

Pièces et main d’oeuvre

[^2]: Les lecteurs intéressés peuvent l’obtenir contret un chèque de 9 € (7 € + 2 € de frais de port), à l’ordre de Service compris : Service compris – BP 27 – 38172 Seyssinet Pariset cedex.

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Temps de lecture : 4 minutes
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