Accord climatique européen « historique » (sic): mensonges et omissions

Claude-Marie Vadrot  • 24 octobre 2014
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Tous les médias qui célèbrent avec plus ou moins d’enthousiasme l’accord minimal sur le climat intervenu vendredi 24 octobre entre les 28 pays européens de l’UE après une interminable discussion de marchands de tapis, oublient généralement de préciser que les 40 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncés à grands cris seront comptabilisés…à partir de 1990 ; ce qui revient à passer par pertes et profits toutes les augmentations d’émissions des 25 dernières années !

Les mêmes médias, les spécialistes et les ministres français qui « se félicitent » évoquant la préparation de la Conférence climatique de Paris en 2015, se plongent avec délices dans l’ethnocentrisme en oubliant la Conférence de Lima qui se tiendra à Lima du 1er au 10 décembre prochain. Une réunion mondiale importante et même essentielle puisque les négociateurs et représentants du monde entier auront pour tâche de préparer la conférence organisée en France ; et notamment de mesurer ce que les Etats Unis et la Chine sont disposés à accepter. Sans oublier les conditions de l’aide qui devra être offerte aux pays du Sud pour faire face à la pollution de l’atmosphère dont profitent les pays industrialisés et particulièrement l’Europe. Car il ne faut pas oublier que les émissions liées à production des biens industriels ou de consommation produits en Chine, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et dans les usines du Sud et commercialisés dans les pays riches devrait être mis au passif de toutes les nations industrialisées. L’Europe, les Etats Unis et bien d’autres ont non seulement délocalisés leurs productions mais également leurs pollutions de l’atmosphère de la planète.

Quand aux objectifs concernant la progression de la part des énergies renouvelables (27 %) et de la progression des économies d’énergie (également 27 %) les responsables des pays européens se gardent bien d’insister sur une réalité inquiétante : il s’agit d’objectifs à l’horizon 2030 qui n’auront aucun caractère contraignant, chaque pays restant libre de les respecter ou non. Ce qui a amené la France, par exemple, à accepter un accord dont les chiffres restent inférieurs aux engagement officiels pris par ses responsables et devant (théoriquement au moins) figurer dans la loi sur la transition énergétique en cours de discussion devant les parlementaires.

Comme le soulignent Oxfam, la plupart des ONG et les députés écologistes français allemand ou français, la crise climatique ne se voit offrir aucune solution à court et à moyen terme, justifiant les inquiétudes des experts qui se retrouveront dans un mois à Lima. La banquise continuera à fondre, les déserts à s’étendre, les espèces végétales et animales à disparaitre, les catastrophes naturelles à augmenter de violence ou de fréquence et le nombre des réfugiés climatiques à s’accroitre ; sans que ces derniers ne puissent bénéficier de la moindre reconnaissance des Nations Unies et du HCR, le Haut Commissariat de l’ONU aux Réfugiés…

A croire que la France et les Européens ont fait leur la fameuse « devise » des Etats-Unis : « le mode de vie de l’Union européenne, n’est pas négociable ». Ce qui augure bien mal du rôle que François Hollande et son gouvernement prétendent vouloir jouer dans un an lors de la grande messe prévue pour se tenir au Bourget, près de Paris.

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