Compléments alimentaires: labos et pharmaciens repartent en guerre contre les médicaments « naturels »

Claude-Marie Vadrot  • 9 octobre 2014
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Tout en maintenant une opposition résolue à l’abrogation du décret du Maréchal Pétain supprimant le diplôme et le métier d’herboriste, les pharmaciens –dont l’Ordre fut créé à la même époque-, une partie du corps médical, les grands laboratoires de médicaments et l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaires de l’Alimentation (ANSES) viennent de lancer une campagne de pressions contre les compléments alimentaires. Lesquels se trouvent dans la plupart des boutiques bio ; mais aussi dans les pharmacies qui voudraient obtenir l’exclusivité de ces produits… en accès libres dont ils dénoncent les « dangers » pour les consommateurs.

Dans la plupart des cas il s’agit pourtant de molécules naturelles ou minérales qui relèvent de la pharmacopée traditionnelle en usage depuis des décennies. Certaines peuvent certes être assimilées à des poudre de perlimpinpin ou à des placébos, ce qui ne gène aucunement les pharmaciens qui les vendent sans prodiguer, contrairement à ce qu’ils expliquent, le moindre conseil puisque ces produits sont, comme ailleurs, en libre service dans les officines.

S’ils étaient dangereux, ces produits qui ont l’interdiction légale d’utiliser le mot « soin » ou la mention « médicament » , seraient tout simplement interdits à la vente et leurs fabricants ou leurs distributeurs feraient l’objet de poursuites devant les tribunaux pour « mise en danger de la vie d’autrui » . Ce qui n’est pas le pas ; et les contempteurs de ces compléments alimentaires avec lesquels les consommateurs cherchent un peu de confort physique sont bien en peine, malgré leurs efforts, de produire des études scientifiques prouvant leurs nocivités. Alors que pour les médicaments sur ordonnance, on découvre fréquemment des effets dangereux. Les allégations de l’ANSES et du corps des pharmaciens n’ont donc comme objet que d’aboutir à une réglementation qui permettrait de réserver à ces derniers l’exclusivité d’un commerce qui rapporte.

Il serait plus simple et plus logique, pour un pouvoir trop attentif à la pression d’un corps médical globalement conservateur et jaloux de ses privilèges commerciaux, de rétablir le diplôme et le métier d’herboriste. C’est-à-dire l’officialisation d’un savoir sur les produits naturels que la plupart des pharmaciens ont oublié. Il suffit de soumettre à un « préparateur en pharmacie » une ordonnance comportant la préparation d’un remède pour mesurer leur ignorance…

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