Rentrée ESS : une rencontre décevante avec le Premier ministre

La rentrée de l’ESS montre à la fois des avancées sur le terrains, mais aussi un triste statu quo institutionnel.
Notre ami Michel Abhervé a, sur sont blog, fait le triste constat que de toutes les forces politiques « à gauche » ayant tenu une Université d’été, seul le PCF avait consacré trois ateliers à l’ESS, ouverts à des acteurs du champ.
Partout ailleurs un silence inquiétant.
Mais les autres actualités sont tout aussi contrastées.

Jean-Philippe Milesy  • 9 septembre 2015
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Manuel Vals, Premier ministre, et Madame Pinville, secrétariat d’Etat chargée (entre autres) de l’ESS ont reçu l’ESS.
_ Cela a eu lieu, le 4 septembre, à l’UCPA, et l’ESS était représentée par la CFESS et ses diverses composantes. Le compte-rendu en notre possession laisse apparaître le formalisme des échanges. Si Roger Belot a, trop courtoisement peut-être, esquissé quelques observations, présenté quelques demandes, si Jean-Louis Cabrespines a, dans le temps imparti, cherché à faire part des nombreuses activités des CRESS et de leur Conseil national, l’exercice est demeuré convenu et laissait penser que tout allait globalement pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Or nous sommes loin du compte.
_ Les destructions budgétaires, notamment imposées aux territoires, frappent les initiatives de l’ESS et menacent les associations.
_ Les conséquences de l’ANI emploi compétitivité et la Loi le reprenant se révèlent chaque jour plus pernicieux pour le mouvement mutualiste, à l’heure où une étude Humanis-Odoxa relève que globalement les entreprises peinent à mettre en oeuvre les « réformes » conséquentes. On se demande si cette « généralisation » de la complémentaire n’a pas fait pour heureux que les agences de communication !
_ Les adaptations du Pacte de Responsabilité et du CICE sont encore repoussées.
_ Les visites présidentielles de l’été chez ScopTI (ex-Fralib) et chez « La Belle Aude (ex-Pilpa) ne peuvent dissimulées les difficultés dans lesquelles se débattent les coopératives de travailleurs et le recul en matière de délai d’information préalable des salariés.
_ Et puis où en est la création d’une Délégation à l’ESS qui doterait enfin cette dernière d’un interlocuteur constant dans les administrations de l’Etat.
– Et puis rien n’a été dit des moyens qui permettraient de sanctionner les dérives de certains grands groupes, d’écarter les abus de revendication de l’entrepreneuriat social et toutes ces scories qui rendent à terme illisible les valeurs et principes de l’ESS.

On est loin du compte surtout loin des initiatives qui, chaque jour, se développent sur le terrain en matière d’engagements citoyens, d’innovations sociales, d’initiatives économiques, de résistances écologiques, d’élaboration de réponse dans le champ des « communs ».

Ne demeurent que des discours sur les valeurs et principe de l’ESS , dans un temps où les doctrines du MEDEF trouvent des oreilles de plus en plus complaisantes au sein du Gouvernement quand Emmanuel Macron ne devance pas ses exigences.

Pas de quoi se réjouir donc.

Il serait temps que les forces se réclamant de la transformation sociales, à l’inverse de ce qu’elles ont pu faire lors de leurs Universités d’été et plus généralement de ce qu’elles font dans leurs pratiques, prennent la mesure de ce qu’une ESS repensée en résistance aux dégradations économiques, sociales, environnementales et démocratiques pourrait prendre au sein de la recherche d’une alternative au diktat libéral.

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