Atchtrump… à nos souhaits !

Les éternuements de l’histoire, façon Trump, ne doivent rien au hasard. On peut les voir comme un courant d’air qui fait voler la pile de feuilles sur lesquelles certains entendaient dicter la suite de l’histoire. Il vient à point obliger les politiques et les électeurs à balayer sous leur paillasson et incite ceux qui craignent le coup de froid à se bouger et à entretenir les braseros pour se réchauffer collectivement.

Christine Tréguier  • 25 janvier 2017
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Atchtrump… à nos souhaits !
Une autre marche historique sur Washington en 1963

La messe étant dite et DJT (Donald J. Trump) intronisé, pourquoi ne pas se dire que finalement son arrivée au pouvoir, au-delà des craintes qu’elle suscite et des risques bien réels qu’elle implique, a également quelques avantages. Celui de réveiller les américainEs dans leur grande majorité et les démocrates en particulier, de les inciter à se remobiliser. À entrer en résistance active. C’est ce que se sont promis les deux millions qui sont descendus dans les rues aux États-Unis, et peut-être aussi les millions qui n’y sont pas allés mais qui auraient pu. Dans cette ère du tout-falsifié, de ce que les gloseurs du cyber-monde veulent appeler la « post-vérité », la situation a du piment. C’est du réel, du bien physique où on se retrouve, battant le pavé dans le froid de janvier, à parler avenir et comment contrer, ou déboulonner le fada qui vient de prendre ses fonctions. Une procédure d’impeachment est-elle possible ? Si les républicains ont assez de billes, ils monteront au créneau, car ils sont les premiers concernés par les dégâts que pourrait causer l’actuel élu à leur parti. Peut-on rêver d’une révolution, douce ou pas ? Dans les États-Unis d’aujourd’hui on en doute mais qui sait ce que peut produire l’entrée du chien fou dans le bowling.

A y regarder de près, DJT joue partiellement le jeu de ses pires adversaires. Il jette par-dessus bord les traités économiques – Alena, TPP – dont ils ne voulaient pas. Sa politique protectionniste remet fondamentalement en cause la mondialisation contre laquelle ils se battent depuis Seattle et se conjugue avec les revers de l’histoire de ce modèle économique. Il semble vouloir pousser en avant une élite industrielle, autre que celle de l’économie militaire qui fait vivre actuellement un quasi-tiers de la population, souligne Morlock Elloi, un intervenant de la liste nettime-l. « Ce changement implique de rediriger ces revenus vers autre chose, et de faire émerger un autre segment de l’élite. Il nécessite toujours des communications globalisées, l’intimidation et le contrôle, mais pas le taux exorbitant de, quoi… 3 400 vies par jour. Si c’est exact, c’est un pas en avant, au moins pour ceux qui vont mourir (et un coup d’accélérateur pour l’école de pensée marxiste… moyens de production, relations sociales etc ). » Le raisonnement tiendrait la route… si DJT n’engage pas le pays dans d’autres conflits, extérieurs ou intérieurs. Et si le candidat n’avait promis un plan de reconstruction de l’armée sur dix ans, chiffré à … 900 milliards de dollars, auquel il souhaite faire participer les pays où intervient la Grande Amérique.

Le 21 janvier, c’est un Michael Moore optimiste qui, bien qu’il ait prédit la victoire de l’homme de la téléréalité, a incité les américains à ne pas se laisser abattre. Si New-York a « _produit Donald Trump » et aurait « du arrêter ce type quand il était encore temps », les New-Yorkais sont dans la rue pour s’excuser. « Nous (les démocrates) sommes la majorité (en terme de nombre de votes) » souligne-t-il, « c’est une situation temporaire qui ne va pas durer longtemps, du moins si on sort de son sofa et qu’on devient des citoyens actifs ». Parmi les choses à faire, appeler tous les jours ses représentants parlementaires. Et d’expliquer en riant qu’ils ne travaillent que trois petits jours par semaine et qu’il suffit d’appeler la permanence (il donne le numéro), donner son code postal si on ignore leur nom, pour les avoir au bout du fil ou obtenir leur ligne directe. Son message : do it !

Le discours d’Angela Davis lors de la Marche des Femmes du 21 janvier, était lui aussi plein d’espoir. Réanimant la mémoire de luttes fructueuses –- les Sioux de Standing Rock ou les luttes pour la liberté des Noirs –, elle a appelé les centaines de milliers, voire millions de femmes, de personnes transgenres, d’hommes et de jeunes rassemblés un peu partout dans le monde à « lutter pour le droit des femmes, [car] c’est lutter pour les droits humains partout sur la planète » et la meilleure façon d’« empêcher que ces vieilles cultures racistes et hétéro-patriarcales reviennent au devant de la scène ». Pour elle, « les prochains 1 459 jours de l’administration Trump seront 1 459 jours de résistance. Résistance sur le terrain, résistance dans les salles de classe, résistance au travail, résistance par notre art et notre musique. Ceci n’est que le commencement, et, pour reprendre les mots de l’inimitable Ella Baker (militante afro-américaine du Civil Rights movement) « Nous qui croyons en la liberté, nous ne nous reposerons pas avant qu’elle n’advienne » ».

Souhaitons que cette dynamique positive et combative contamine l’Union européenne, descendante du vieux continent dont l’Amérique est le rejeton. Et qu’elle guide le choix des citoyens des nombreux états qui, dans les deux ans, vont devoir ré-élire leurs gouvernants.

****Sur le Web****

Le fil « Trump speech » sur nettime-l.org

La vidéo de Michael Moore dans le Huffington Post

Le discours d’Angela Davies traduit pour Ballast

La vidéo d’Angela Davies à Washington

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Temps de lecture : 4 minutes
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