Sonder les caddies

Les enquêtes d’opinion sur la consommation
se multiplient en prévision de la Quinzaine
du commerce équitable, du 27 avril au 13 mai.

Thierry Brun  • 26 avril 2007 abonné·es

L’opinion n’a jamais été autant sondée sur la consommation engagée, solidaire, équitable et bio. En l’espace de quelques semaines, pas moins de quatre sondages et enquêtes ont été publiés pour évaluer l’engouement des Français. Friandes de ce genre d’exercice, les marques ne sont pas loin et ont souvent parrainé la publication de ces études d’opinion. La plus intéressante émane du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) et révèle une consommation engagée s’affirmant « comme une tendance durable » .

44 % des Français déclarent « tenir compte, lors de leurs achats, des engagements que prennent les entreprises en matière de « citoyenneté » : ne pas recourir au travail des enfants, ne pas faire souffrir d’animaux, ne pas polluer, etc. » . Le Crédoc indique que le « succès de l’agriculture biologique ou celui du commerce équitable constituent des preuves tangibles que les consommateurs sont aujourd’hui de plus en plus attentifs au comportement des entreprises et aux modalités de fabrication des produits qu’ils achètent » . Ces propos sont suivis de quelques réserves : depuis la première investigation en 2002, le Crédoc montre aussi que, dans le domaine de la consommation engagée, il y a « un écart certain entre les discours, volontiers généreux et altruistes, et les pratiques réelles de consommation » .

Les marques préfèrent parler de « consommation solidaire », un concept qui permet d’associer leur nom à celui d’une ONG « pour un bénéfice mutuel » , résume à sa manière Equitel. Cette agence spécialisée dans ce genre de montage a rendu public avec le groupe Neuf Cegetel une étude sur cette « consommation solidaire » (réalisée par OpinionWay auprès de 1 000 internautes), où l’on apprend que « 61 % des Français changeraient de marque pour une offre de consommation solidaire à prix et qualité comparables » . On y met en parallèle la notoriété de la consommation solidaire (37 % en ont entendu parler) avec les produits bios (91 %) et le commerce équitable (91 %). Le must est que « 63 % des salariés sont fiers de l’engagement de leur entreprise en faveur d’ONG ».

Plus récent est le sondage d’un nouveau venu : l’Observatoire Max-Havelaar du commerce équitable, dont le slogan est : « Un regard distancié » . Sa mission : « réaliser des études qualitatives décrivant en profondeur les enjeux et les motifs qui sous-tendent ce nouveau phénomène pour les consommateurs » . La première du genre ­ « Quelles logiques d’opinion conditionnent l’acte d’achat équitable ? » ­ a été réalisée par l’institut Wei auprès de 30 personnes. On y découvre qu’il existe « une conscience commune des dangers » concernant l’avenir de la planète. « Conclura-t-on que l’opinion publique remet en cause le capitalisme, le marché, la consommation ? Il n’en est rien. » Les industriels sont saufs. Par ailleurs, il apparaît que le commerce équitable « a un sens fort et positif » et que c’est un « vrai produit » .

Dernier sondage, celui d’Ipsos pour Max-Havelaar. « Quatre Français sur cinq connaissent le commerce équitable. » Le niveau de confiance envers Max Havelaar n’a jamais été aussi élevé, et 60 % des personnes estiment qu’il n’y a pas assez de ces produits en rayon. De quoi plaire aux grands distributeurs.

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