Sarkozy et l’identité

Politis  • 22 janvier 2009 abonné·es

Que retenir du discours de Nicolas Sarkozy sur la culture qu’il a prononcé le 13 janvier à Nîmes ? Sur le sujet, l’homme qui un jour a jugé qu’il était inutile de mettre la Princesse de Clèves au programme de concours administratifs n’est pas le plus à l’aise. Et, pourtant, Nicolas Sarkozy, comme son « ami » Villepin, croit que la culture est synonyme de lyrisme. Il n’a pas choisi au hasard la seule citation d’écrivain (Albert Camus) que contient son intervention : « Au cœur de la nuit européenne, la pensée solaire attend son aurore. » Il aimerait en faire autant. Être à la hauteur. Cela donne cet aphorisme : « Pour vivre, tout homme doit travailler le jour mais aussi rêver la nuit. » C’est un peu moins bien. On note aussi cette réflexion : « Il y a une perte collective du bon sens… »
Quelques mesures ont été annoncées par lui : la gratuité des musées pour les moins de 26 ans, la création d’un étrange Musée de l’histoire de France, le renforcement des enseignements artistiques (alors que toutes les décisions du gouvernement vont dans le sens inverse), la création d’un truc intitulé « conseil pour la création artistique » dont l’animation est confiée à Marin Karmitz, l’homme qui fait des procès aux salles de cinéma municipales pour « abus de position dominante »…
Mais ce qui frappe surtout, c’est le nombre d’occurrences du mot « identité » que contient son discours : 30, sur une vingtaine de pages. Un concept qui a l’ampleur philosophique d’une incantation frénétique. Chez lui, l’identité, toujours au singulier, est déclinée à tout va : elle est « culturelle », « chrétienne », et même « nîmoise », et doit être sauvegardée à tout prix…

Culture
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