Les 35 heures ne sont pas mortes

La droite n’a eu de cesse, depuis qu’elle est aux commandes, de sortir du « carcan » des 35 heures pour modifier en profondeur le droit du travail. Un dossier à lire dans notre rubrique **Eco/Social** .

Thierry Brun  • 26 mars 2009
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Les 35 heures ne sont pas mortes

Un arsenal législatif complexe, sans doute le plus important jamais produit, est aujourd’hui en vigueur. Cette obsession sarkozienne de mettre à bas les 35 heures s’est traduite par une loi encourageant le recours aux heures supplémentaires, exonérées de charges sociales et patronales.

Un tel dispositif, inaudible et absurde aujourd’hui, est désormais en train de se retourner contre la volonté présidentielle du « travailler plus pour gagner plus ». Certains y voient même une défaite non seulement économique mais politique. Les huit syndicats signataires d’une déclaration commune avant les mobilisations du 29 janvier et du 19 mars ont donc réclamé l’abrogation urgente des dispositifs ayant conduit à remettre en cause la réduction du temps de travail.

Illustration - Les 35 heures ne sont pas mortes

Pierre Larrouturou
et ses amis ont commencé à lancer le débat sur les 32 heures en 1993. Ici, une manifestation à Paris le 23 mai 1996.
Feferberg/AFP

Car comment Nicolas Sarkozy espère-t-il réhabiliter le travail en période de destruction massive d’emplois ? La martingale présidentielle consiste en effet à augmenter le temps de travail des salariés en poste à temps plein plutôt que d’embaucher des jeunes et des chômeurs. Un tel choix concourt manifestement, et de façon non négligeable, à la remontée brutale du chômage depuis l’été 2008. Comme le montrent les calculs faits par le journal Alternatives économiques, qui est à l’initiative, avec Marianne, d’une pétition pour l’abrogation sans délai de la défiscalisation des heures supplémentaires, ce sont 90 000 emplois à temps plein qui manquent à l’appel. Et ce sont les CDD, les temps partiels et les intérims qui sont le plus touchés par l’exonération des heures supplémentaires. Le coût de ce désastre se chiffre à plus de 4 milliards d’euros, et il est trois fois supérieur au financement par l’État des mesures du fonds d’investissement social annoncées le 18 février.

On comprend dès lors que le système soit devenu insupportable, d’autant que les entreprises ont utilisé cette manne publique pour distribuer des dividendes à leurs actionnaires. Il serait plus judicieux de repenser un plan d’urgence qui contiendrait des mesures de réduction du temps de travail avec embauches correspondantes.

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