Anonyme, en maison d’arrêt

Politis  • 7 janvier 2010 abonné·es

« Lorsque je vois Michèle Alliot-Marie et sa loi pénitentiaire, je dois avouer que l’espoir pour que les choses s’améliorent est mince. Il y a une absence criante de vision à long terme. On est dans le coup par coup. Il y a tellement de tranches de saucisson, de segmentations qu’on oublie qu’il faut un porc au départ. C’est vrai que la complexité peut faire peur. Prenez la réinsertion : outre que la prison l’annule, que les services prévus ne peuvent fonctionner, que le manque de moyens est aveuglant, l’ancien taulard doit aussi se confronter aux étiquettes du genre : “Qui a bu boira” ou “On sait d’où tu viens !”, et au barrage social qui place les gens plus encore à la marge. Mettez sur un CV : “2007-2009, maison d’arrêt”, et trouvez du boulot ! Quasiment impossible. Dites au cours d’un repas : “Moi, j’ai fait deux ans de placard” , et regardez les visages. Bah oui ! Fallait pas faire de connerie ! Et, surtout, qu’il n’y ait pas d’affaire avec le voisin, sinon c’est la garde à vue assurée.

En 2008 : 600 000 gardes à vue. Soit un Français sur 100. Déjà, là, nous sommes en cage 24 heures sur 24. Nos demandes de liberté n’arrivent pas au tribunal, et les chefs de service de l’administration disent aux matons : “Allez dire au service de probation et d’insertion qu’on s’occupe pas de ce mec, c’est un voyou !” »

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Libres paroles de détenus
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