Que reste-t-il de la culture ouvrière ?

La fête de l’Humanité tient ce week-end sa quatre-vingtième édition au parc de La Courneuve. C’est l’occasion de se pencher sur la culture ouvrière, de son âge d’or, au milieu du XXe siècle, à nos jours. Dans la vie politique comme dans les habitudes, qu’est-ce qui demeure, a disparu ou se transforme ?

Denis Sieffert  • 9 septembre 2010
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Que reste-t-il de la culture ouvrière ?
© PHOTO : KSIAZEK/AFP

À la question « Que reste-t-il de la culture ouvrière ? », il serait trop facile de répondre : « La fête de l’Humanité ». Certes, ce grand rassemblement populaire, qui tient sa 80e édition ce week-end à La Courneuve, résiste bien à l’usure du temps, mais ce serait un peu court. Il n’est heureusement pas la seule trace d’un passé dans une large mesure révolu. La culture ouvrière, comme le reste, a changé. Et ces transformations ne signifient pas pour autant disparition. En dépit des mutations sociologiques, des bouleversements intervenus dans le monde du travail, de la précarisation de l’emploi, des délocalisations, une certaine forme de culture subsiste, qui entretient avec la politique un lien étroit. Mais avant de répondre plus précisément à la question, il faut se souvenir de ce qu’était la culture ouvrière en son âge d’or. Disons les décennies 1950-1960. L’essayiste et écrivain Didier Eribon, auteur d’un livre magnifique sur son enfance de fils d’ouvrier, Retour à Reims , et Michel Pinçon, sociologue, auteur notamment de Désarrois ouvriers, nous apporteront leur analyse. Le premier relève ainsi la responsabilité de la gauche officielle dans l’évacuation, au nom de la « modernité », du concept de classes sociales, tandis que le second pointe les effets destructeurs de la désindustrialisation.

De loin, ce dossier peut se regarder comme une photo sépia. En vérité, beaucoup de choses ont muté. Peu ont véritablement disparu. Cette culture demeure portée par ses héritiers. Filles et fils d’ouvriers. Constitutive de leur identité. Il se peut que le gigot du dimanche soit parfois remplacé par le couscous, et la belote par le sheshbesh. Est-ce si différent ? Finalement, la face perdue de la culture ouvrière, c’est celle qui résultait plus ou moins directement de la politique. Mais c’est une autre histoire.

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