« Par mon opposition au TSCG, j’ai voulu envoyer un signal politique »

Le député PS Christophe Léonard explique pourquoi il a voté non au traité budgétaire européen. Sans remettre en cause son engagement au sein du Parti socialiste.

Lena Bjurström  • 18 octobre 2012 abonné·es

Député socialiste de la deuxième circonscription des Ardennes, Christophe Léonard a voté le 9 octobre contre le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) et s’est abstenu lors du vote de la loi organique mettant en application la « règle d’or » d’austérité. S’il s’agissait pour lui de dénoncer la direction prise par l’Europe et d’interroger son efficacité, sa « dissidence » ne remet pas en cause pour autant son engagement socialiste et son soutien au gouvernement Ayrault.

À l’instar de 19 autres députés socialistes, vous avez voté contre l’adoption du TSCG la semaine dernière. Vous vous êtes en revanche abstenu lors du vote de la loi organique mettant en place la « règle d’or ». Pouvez-vous expliquer ce choix ?

Christophe Léonard : Ayant voté contre le TSCG, il me semblait illogique de voter la loi organique le mettant en application. Pour autant, je ne me suis pas positionné contre ce texte, qui définit avant tout une logique de sérieux budgétaire. Dans le contexte d’une dette publique supérieure à 80 % du PIB, cette logique me semble nécessaire. Toutefois, de nombreux articles instaurent des mécanismes du traité auxquels je suis opposé. Le choix de l’abstention m’a donc semblé le plus cohérent. Par cette abstention, et surtout par mon opposition au TSCG, j’ai voulu envoyer un signal politique. Les décisions de l’Union européenne ne satisfont pas à ce qui me paraît primordial, notamment au regard de la situation de mon département, c’est-à-dire la mise en place d’une harmonisation sociale, fiscale et environnementale sur l’ensemble du territoire européen.

Pensez-vous bénéficier du soutien des personnes que vous représentez ?

Mon choix a été motivé par la parole donnée lors des récentes campagnes présidentielle et législatives dans les Ardennes, mais également lors de la campagne pour les européennes de 2009. Notre département avait massivement voté non à la Constitution européenne. Il ne s’agissait pas d’une opposition à l’Union dans sa globalité mais à la direction qu’elle prenait, et prend aujourd’hui, avec le traité budgétaire. Frontalier de la Belgique, notre département vit l’Europe au quotidien, mais, aujourd’hui, les Ardennes font face à une situation économique difficile. Notre taux de chômage est à 12 % au premier trimestre 2012, contre 9,6 % au plan national, et ce département, le plus industrialisé de France, a perdu 6 500 emplois dans l’industrie au cours de la dernière décennie. Quant au taux de pauvreté, il atteint 18,6 %. Le traité budgétaire européen n’est pas une réponse à la hauteur de cette réalité. Je suis représentant du peuple, je me dois de traduire le sentiment de la population que je représente. Pour la construction de l’Europe comme pour le reste, il faut prendre appui sur une réalité sociale qui est l’exaspération face à la situation économique et à son inégalité. Quand on dit « oui » à un traité de ce type, on valide une construction, et seul ce « oui » est retenu. En votant contre ce traité, j’ai voulu favoriser une prise de conscience capable de nous mener collectivement vers une autre Europe.

Ce vote a-t-il un impact sur votre engagement au sein du PS ? Comment vous positionnerez-vous au congrès de Toulouse ?

Ma prise de position par rapport au TSCG n’a aucune incidence sur mon engagement politique. Elle ne modifie en rien le soutien que je veux apporter au gouvernement, soutien qui passe pour moi par le vote de la motion d’Harlem Désir. J’ai défendu celle de Benoît Hamon en 2008, mais aujourd’hui l’enjeu n’est plus le même. Jusqu’à présent, l’objectif du congrès était de choisir un leader et de définir une ligne politique. Ce leader est aujourd’hui François Hollande et notre ligne politique a été validée par la majorité des Français lors des dernières élections. Le véritable enjeu du congrès de Toulouse est de penser le PS comme une organisation démocratique ouverte, qui structure un rapport de force dans la société et est à l’avant-garde des propositions de la gauche au pouvoir. Le gouvernement doit pouvoir s’appuyer sur le parti afin d’inscrire sa politique dans la durée, au-delà d’un seul quinquennat. Mais nous devons également être vigilants et assurer le respect de ses engagements, afin de recréer un climat de confiance entre la sphère politique et le peuple.

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