Le beau comme il vient

Entre ville et campagne, Lénon partage ses trouvailles avec drôlerie et talent.

Marion Dumand  • 19 septembre 2013 abonné·es

Quelques coups de rotring, et Lénon croque à l’arrachée. Ce qui est là, autour d’elle. Puis elle pose ses mots non loin. Elle arrange l’ensemble, photocopie, découpe, agrafe et distribue. En noir et blanc tout simple. Des années que ça dure. Et des années, de 2004 à 2012, qui ont été regroupées et éditées. C’est toujours ça, de pris, de sauvé. Des émerveillements couchés sur papier, de l’éphémère qui oublie de se faire la malle. Pour sûr, il n’y a là que du bon, et du varié.

Voyez plutôt. Derrières de CRS, oignons germés, bars de Poitiers, vaches alanguies, de la grogne aussi. Ou encore : poèmes érotiques, papi René, film kirghize, blues nippon. Mais attention, pas l’ombre d’un nombril. Non, ce qui lui plaît à Lénon, c’est de partager les trouvailles. Sans jamais s’en tisser des lauriers. Comme si elle débusquait du beau, et les mots avec, par la force des choses, à vadrouiller de-ci, de-là, entre ville et campagne, à ouvrir grand les esgourdes, grand les yeux.

Débarque alors une flopée de méconnus qui palpitent pour nous : éditeurs, auteurs, musiciens, labels, émissions… S’y mêle toute une « leçon de choses », sans leçon donnée, avec recettes généreuses ( « un bon plat chaud pour quarante personnes » ) et gestes militants ( « comment chier utile » ).  Le plus surprenant dans tout ce joyeux bordel ? Le fait que l’équilibre de ce petit bouquin lui vient des temps suspendus. Parce que « le printemps, c’est aussi la saison où les araignées dérapent dans les lavabos ». Parce que les nuages et les draps, ça s’entortille et ça vibre, autour d’un souffle, d’un amoureux. Et ça aussi, c’est toujours bon à prendre.

Littérature
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