À PSA, en grève de la faim contre « l’esclavage moderne »

Sept salariés de PSA Poissy dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et le non-respect de leur activité syndicale.

Nicolas Salvi  • 17 octobre 2013 abonné·es

Saïd Bendidouch plante le décor : « On est là 24 h/24, mais on ne sait pas ce qui va se passer d’ici quelques heures. » Voilà maintenant un mois que les tentes sont installées devant le pôle tertiaire de PSA, à Poissy. Sept salariés, syndiqués chez SUD, ont entamé une grève de la faim le 18 septembre, ne s’autorisant que les fruits secs, le thé et le café. Un campement qui va devenir difficile à tenir à l’approche de l’hiver. À défaut de se faire entendre sur leurs conditions de travail, Ahmed Oubakchti, secrétaire SUD pour PSA Poissy, tente de négocier sur leurs actuelles conditions de vie : « Nous avons demandé une prise électrique à la direction, on nous a dit que c’était impossible. Pour l’instant, nous sommes branchés sur une lampe de la ville, mais elle ne fonctionne qu’à partir de 19 heures. Avant, pas de chauffage. »

Cette grève de la faim représente l’ultime recours des sept ouvriers pour protester contre des conditions de travail dégradées par la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois. Ahmed Oubakchti évoque des cadences devenues intenables : « On nous demande de faire notre production en plus de celle des sites qui ont été fermés, avec les mêmes objectifs. Beaucoup de salariés tombent malades ou en dépression. » Deux tentatives de suicide survenues en juin dernier attestent de ce que Saïd Bendidouch nomme un « esclavage moderne ». Les grévistes dénoncent également le traitement que la direction réserve à leur syndicat. « Ils nous fliquent, nous retirent nos moyens », déplore le secrétaire de SUD à Poissy. « On n’a ni ordi, ni fax, ni imprimante, on doit prendre sur nos salaires pour s’équiper. Et gare à la personne qui vient nous parler ! Elle est aussitôt convoquée dans les bureaux de la direction. Les militants de SUD sont placardisés, ils n’ont pas de travail. Du coup, quand ils font grève, ça ne se voit pas. » Pour mémoire, rappelons que la cour d’appel de Versailles avait condamné PSA, le 16 mai dernier, à verser 70 000 euros de dommages et intérêts à l’ancien secrétaire de SUD Auto Poissy pour discrimination syndicale et harcèlement moral.

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