La SNCF menacée d’éclatement

Trois syndicats appellent à la grève le 12 décembre contre la réforme ferroviaire.

Thierry Brun  • 12 décembre 2013 abonné·es

Les trois principaux syndicats de cheminots (CGT, Unsa et SUD-Rail) veulent lancer un « fort avertissement » au gouvernement le 12 décembre. La journée de grève organisée à la SNCF, avant les grands départs de Noël, mobilise les cheminots contre le projet de loi dit de « réforme du système ferroviaire », prélude à l’ouverture totale à la concurrence des transports de passagers, qui sera mis en débat au Parlement au premier semestre 2014. Ils sont aussi très remontés contre les « directions de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF, gestionnaire des infrastructures), [qui] tentent de mettre en œuvre la réforme avant la réforme » .

La CGT, SUD-Rail et l’Unsa s’opposent à « l’éclatement de l’entreprise » et revendiquent « une seule entreprise publique ferroviaire », alors que le projet de loi présenté par Jean-Marc Ayrault prévoit la création de trois entreprises distinctes, des établissements publics réunis dans un groupe ferroviaire pour s’adapter aux exigences de la Commission européenne, qui prépare un ensemble de directives européennes (le « quatrième paquet ferroviaire ») permettant d’ouvrir totalement à la concurrence le transport de marchandises et de passagers. Siim Kallas, commissaire européenne en charge des transports, défend fermement le principe d’une séparation entre les activités de gestionnaire d’infrastructure (RFF) et celle de transporteur (SNCF), ce qui permettrait d’achever *« l’espace ferroviaire unique européen pour stimuler la compétitivité et la croissance européennes ».

« Nous revendiquons la réintégration de la gestion de l’infrastructure dans la SNCF, sous la forme d’une direction de l’infrastructure dans un seul établissement public (Epic) SNCF », écrit SUD-Rail. La CGT, SUD-Rail et l’Unsa assurent que cette solution est compatible avec les directives européennes et éviterait le développement de filiales, ce qui entraînerait la dégradation du transport de passagers et des conditions de travail et de sécurité. Les syndicats dénoncent aussi l’absence de « propositions quant aux moyens financiers pour régler la dette du système ferroviaire et pour le financement des investissements nécessaires au développement du service public SNCF ». L’orientation du projet de loi ne prend pas en compte les leçons de la libéralisation pratiquée dans le domaine du fret ferroviaire, où la concurrence n’a joué aucun rôle positif en faveur du rail, estiment de leur côté les sénateurs du Front de gauche. De plus, « par le passé, la séparation en filiales de différentes activités a été le plus sûr chemin vers leur privatisation ».

Temps de lecture : 2 minutes