Masculinisme : les nouveaux machos

Ingrid Merckx  • 6 mars 2014
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En 2014, les femmes ont pris le pouvoir ! Le plafond de verre est « un concept clé de la misandrie ». La parité est une « loi discriminatoire ». La violence n’a pas de sexe. Les hommes s’impliquent moins dans le travail domestique que les femmes parce qu’ils travaillent plus. Et les pères divorcés sont spoliés par une justice matriarcale. En d’autres termes : les féministes sont allées trop loin. Ceci n’a rien d’une fiction, il s’agit des arguments défendus par lacausedeshommes.com, « premier site hoministe français ». Un autre nom pour « masculinisme », « lame de fond revendicatrice d’hommes craignant de perdre leurs privilèges au sein d’une société encore très clairement patriarcale.  […] Un mouvement réactionnaire  [qui] doit être rangé aux côtés des montées xénophobes et sécuritaires de ces dernières années », signale le collectif Stop masculinisme.

Dès les années 1970, des hommes ont contesté les acquis du féminisme. Comme une réponse à des lois telles que l’autorité parentale partagée (1970) ou le divorce par consentement mutuel (1975). L’idéologie antiféministe n’est pas nouvelle, mais elle a pris une nouvelle forme. Par exemple, les mouvements des « pères perchés » qui ont démarré en France dès février 2013. « Derrière cette pseudo-“cause des pères”  […] se cache le mouvement masculiniste », avertit le collectif Stop masculinisme, soucieux de déminer des « narratives » qui, inspirées des mouvements anglo-saxons tels que Fathers for justice, détournent la rhétorique féministe et utilisent les enfants pour s’attirer la sympathie. Sauf que les femmes sont loin d’avoir pris le pouvoir, que l’intérêt des enfants passe derrière celui de ces pères, que la justice est bien moins sexiste que dans les années 1960, que 40 % des pensions alimentaires sont impayées… Face à ce contre-mouvement social, qui n’est pas sans rappeler la Manif pour tous, des réponses s’organisent. Elles réfutent la crise de la masculinité et continuent à défendre une société libérée des rapports de domination.

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