Mine de charbon Alpha coal : la Société générale jette l’éponge

Patrick Piro  • 6 décembre 2014 abonné·es
Mine de charbon Alpha coal : la Société générale jette l’éponge

On n’en croyait pas ses yeux hier soir , à l’association Bizi, devant le courriel adressé par Jean-Michel Mépuis, directeur développement durable de la Société générale : « Bonjour, je vous prie de noter que dans le contexte du retard du projet Alpha coal, Société générale a décidé, en accord avec GVK-Hancock, de suspendre son mandat. La banque n’est donc plus impliquée dans le projet. Vous pouvez relayer ce message dans votre réseau. Cordialement. »
Un canular ? « C’est à peine croyable, s’écarquille Jean-Noël Etcheverry, animateur de Bizi, contacté à Lima où il participe à la mobilisation citoyenne au sommet climatique de l’Onu. La Société générale se fend d’un courriel auprès d’une petite association basque et l’encourage à diffuser l’information ! »

Vérification rapide : le site et le compte Twitter de la banque française affichent un communiqué — plus laconique —, confirmant la nouvelle.
La Société générale est depuis des mois dans le collimateur de plusieurs groupes écologistes, qui dénoncent le partenariat de la banque française dans le montage financier de l’énorme site Alpha coal d’extraction de charbon dans la province australienne du Queensland. Bras d’honneur à la lutte contre le dérèglement climatique, dans un pays qui s’est assis sur ses engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, le projet, qui jouxte la côte, menace directement l’exceptionnel écosystème de la Grande barrière de corail, déjà attaqué par l’acidification des océans résultant de l’excès de CO2 dans l’atmosphère.
Entretenant une réputation d’indifférence à ce type de considérations, constatée à l’occasion de différentes opérations d’investissement à l’étranger, la banque s’accrochait encore là où d’autres avaient renoncé à participer au financement de la mine.

Bizi, Amis de la Terre et Attac se réjouissent de cette issue, qui affaiblit encore le consortium GVK-Hancock dont les difficultés n’expliquent qu’en partie le revirement de la Société générale, annoncé en plein sommet climat et alors que l’ambiance s’alourdissait fortement pour son affaire. Fin novembre, lors de la Conférence environnementale, François Hollande annonçait la fin des subventions aux énergies fossiles. Cependant, les associations (qui ne sont pas étrangères à la subite « conversion » verte du président) semblent avoir pesé décisivement. Les associations prévoyaient de passer à la vitesse supérieure, promettant un petit enfer à la banque, explique Jean-Noël Etcheverry — « une année de campagne permanente, culminant avec un carrousel militant entre ses 21 agences proches des Champs-Élysées lors grand sommet climat de fin 2015 en France sous le regard des médias du monde entier… » L’opération devait être inaugurée cette fin de semaine par les piquets militants aux slogans saignants devant une quinzaine d’agences de la Société générale dans toute la France.

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