Grèce : Hollande cautionne le chantage de la BCE

Lors de sa conférence de presse, François Hollande n’est pas revenu sur la décision de la BCE de ne plus accorder d’aide aux banques grecques. Son propos est aussi lourd de menaces.

Thierry Brun  • 5 février 2015 abonné·es
Grèce : Hollande cautionne le chantage de la BCE
© Photo : Geoffroy Van der Hasselt / ANADOLU AGENCY

« L’unité de la République et l’Union européenne sont liées.** Ceux qui veulent détruire l’une veulent défaire l’autre. Et donc nous ne laisserons pas faire. »* C’est sur cette phrase, lourde de menaces, que François Hollande a abordé en quelques mots la crise de la dette publique grecque avant de répondre aux questions de la presse, le 5 février. Sans réagir, dans son discours, à la portée de l’événement créé par la Banque centrale européenne (BCE), qui a pris la décision de suspendre un régime de faveur accordé jusqu’ici aux banques grecques et qui leur permettait d’emprunter de l’argent en apportant des garanties moindres que celles exigées habituellement par l’institution de Francfort.

Le président de la République a continué son discours sur le refrain de la « priorité à la croissance » , « que j’ai rappelée suffisamment depuis deux ans, [et qui] s’est finalement imposée, sans remettre en cause le redressement nécessaire des comptes publics » . Pour ensuite parler du « défi » de la Grèce :

« La Grèce est un défi. Le défi n’est pas nouveau. La situation est connue depuis quatre ans. L’austérité qui lui a été imposée a suscité un rejet, rejet du peuple grec. Mais pas un rejet de l’euro, pas un rejet de l’Europe. »
« Le rôle de la France, c’est de trouver une solution, de contribuer à un accord, mais dans le respect, le respect du vote des Grecs, mais respect des règles européennes, et respect des engagements. C’est sur ces bases-là que je travaille, avec nos partenaires européens. »

François Hollande s’en remet à la ligne de la chancelière allemande, Angela Merkel, et de la Banque centrale européenne. En répondant aux questions, François Hollande a ainsi jugé « légitime » la décision de la BCE sur la Grèce.

Lire > Le coup d’État financier de la BCE contre la Grèce

En clair, les respect des règles européennes et des engagements renvoie à la troïka (BCE, Commission européenne et FMI), ce qui signifie le maintien de programmes d’austérité en Grèce pour obtenir le versement des aides. Or, l’essentiel des aides à la Grèce n’ont servi qu’à payer les intérêts de la dette publique grecque, en grande partie détenue par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), la BCE et les États au travers de prêts bilatéraux.

La décision de la BCE constitue une « pression » pour pousser à un accord entre la Grèce et ses créanciers sur la dette grecque, a indiqué le 5 février le gouvernement grec. A la Banque de Grèce, on affirme : « La stabilité du système bancaire grec et la liquidité des banques grecques ne seront pas affectées par la décision de mercredi » de la BCE.

Monde Politique
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