Bannir les désodorisants

L’encens, même naturel, fait partie des désodorisants les plus polluants.

Ingrid Merckx  • 20 mai 2015 abonné·es

Que faire ?

D’abord, ouvrir la fenêtre ! Même au-dessus d’une rue très polluée, c’est encore le meilleur moyen d’assainir l’air chez soi. « Brûler de l’encens, c’est à peu près comme respirer au plus près d’un pot d’échappement », prévenait l’UFC-Que choisir en 2004, provoquant un choc. Quoi ? Faut-il donc jeter son patchouli et ses papiers d’Arménie ? Et même son spray d’huiles essentielles bio ? S’ils sont efficaces contre les mauvaises odeurs, ces produits sont pourtant de véritables polluants d’intérieur.

Pourquoi ?

Ça n’est pas parce qu’un produit est naturel qu’il est sans danger. Les plus polluants sont les encens et les aérosols, mais les diffuseurs liquides et électriques, les bougies parfumées et autres « sent-bon » contiennent des substances toxiques, alerte un rapport du Sénat sur les risques chimiques au quotidien (janvier 2008). Soit des allergènes ou irritants, des phtalates (perturbateurs endocriniens), du benzène (cancérogène impliqué dans les leucémies et les lymphomes), du formaldéhyde (irritant et cancérogène), du styrène, du naphtalène, des xylènes ou de l’acétaldéhyde (cancérogènes possibles), du toluène (neurotoxique) ou encore du paradichlorobenzène (irritant respiratoire). Et même le fameux papier d’Arménie ne serait pas inoffensif. Ce produit, mis au point par le docteur Auguste Ponsot à Montrouge en 1885, dégagerait du formaldéhyde et du benzène à la combustion. Déception… Il resterait cependant parmi les moins nocifs. Tout ce qu’on a gagné ces dernières années, c’est un étiquetage sur les produits concernant leur émission de polluants. Un peu comme sur les paquets de tabac.

Comment ?

  • Hormis la classique lavande dans le linge et l’orange plantée de clous de girofle dans la cuisine, les huiles essentielles (bio) seraient une des moins mauvaises solutions, qui n’excluent pas les allergies et irritations (voir le « Geste utile » du n° 1294, mars 2014). À défaut : quelques gouttes de lavande vraie ou aspic ou d’arbre à thé au fond de la poubelle, de menthe poivrée dans les chaussures, de citron sur une pierre poreuse dans le frigo (qu’on peut remplacer par une coupelle de bicarbonate de soude), de thym dans l’eau savonneuse pour nettoyer les sols, de pamplemousse, citron, cannelle et eucalyptus dans un diffuseur adapté (pas plus de 45 °C) contre les odeurs de cuisine (mais attention aux femmes enceintes, aux enfants en bas âge et aux chats).
  • On peut aussi craquer des allumettes dans les toilettes, placer un demi-citron dans le bac de la chasse d’eau ou fabriquer son pot pourri avec des bâtons de vanille et de cannelle, des écorces d’agrume, des pétales de rose et des brins de lavande. Le tout à protéger de la poussière avec une gaze.
  • On peut aussi fabriquer son désodorisant à base de bicarbonate, d’huiles essentielles et d’alcool.

Le geste utile
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