Immigration : la politique d’intégration en France laisse à désirer

Julia Gualtieri  • 21 mai 2015 abonné·es
Immigration : la politique d’intégration en France laisse à désirer
© Photo: Immigrés venus chercher un renouvellement de leur titre de séjour, devant la préfecture du Rhône, le 16 février 2015. AFP PHOTO / JEFF PACHOUD

« La France crée moins d’opportunités que d’obstacles permettant réellement aux migrants de s’intégrer dans la société française. » Dévoilée mercredi 20 mai, l’édition 2015 du Mipex montre peu de progrès en matière de politique d’intégration en France. Classé 17e sur 38 avec une courte moyenne (54/100), l’Hexagone ne grimpe que d’un point malgré le changement de majorité. « Peu de choses ont changé par rapport à ce que faisait le précédent gouvernement conservateur » , note le rapport.

Outil de comparaison et d’évaluation des politiques d’intégration, le Mipex est un classement réalisé par deux think thank , le Migration Policy Group à Bruxelles et le Centre pour les Affaires internationales à Barcelone, en partenariat avec l’association France terre d’asile. L’analyse repose sur 144 indicateurs et concerne 38 pays dont l’ensemble des membres de l’Union européenne.

Concernant la France, les conclusions sont sévères : pas de politique d’intégration et des immigrés rarement considérés comme une chance pour le pays. Tout en saluant le rôle du Défenseur des droits pour l’aide qu’il fournit aux victimes de discriminations, le rapport pointe les promesses non tenues de François Hollande. Quid de la lutte contre les discriminations à l’école, du droit de vote aux élections locales, des avancées en matière de résidence permanente et de l’aide à l’apprentissage du Français promises en 2012 ?

C’est d’ailleurs en matière d’éducation que le bât blesse. La France n’obtient que 36 points sur 100. L’étude relève notamment que l’accès à l’apprentissage de la langue française est limité et que le système éducatif est loin d’être égalitaire. Ainsi, seuls 20 000 migrants signataires du contrat d’accueil et d’intégration (CAI) sur 100 000 ont obtenu une formation linguistique. De plus, les résultats obtenus montrent qu’à l’âge de 15 ans, les jeunes issus de l’immigration sont deux fois plus susceptibles de figurer parmi les élèves en difficulté et plus nombreux à sortir du système éducatif.

L’Hexagone n’est pas plus accueillant en matière d’hébergement. 36e sur 38, la France multiplie les restrictions à l’accès à un logement de longue durée, même pour des résidents de plus de cinq ans. Les deux derniers points noirs de cette non-politique d’intégration, le regroupement familial (30e sur 38) à cause de ses trop nombreux critères sélectifs, et le travail. Faute d’avoir la nationalité française, les migrants sont exclus de 5,3 millions d’emplois, soit un poste de travail sur cinq.

La vie des immigrés de France n’est donc pas plus rose sous la gouvernance du Parti socialiste. Le refus de la proposition de la Commission européenne pour répartir plus équitablement les demandeurs d’asile au sein de l’Union européenne prouve une fois de plus que face à la menace frontiste le gouvernement préfère se renier et laisser les migrants pâtir d’une situation qui ne favorise pas l’intégration.

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