Le programme macron : Carottes et bâtons

Un programme qui prolonge et durcit la ligne libérale du mandat qui s’achève.

Erwan Manac'h  • 1 mars 2017 abonné·es
Le programme macron : Carottes et bâtons

Sans surprise, le programme économique d’Emmanuel Macron, révélé le 24 février, prolonge et durcit la ligne libérale du mandat qui s’achève. L’ancien ministre de ­l’Économie veut poursuivre sa chasse au « coût » du travail en empilant des mesures de dumping fiscal. Il promet en particulier de pérenniser et d’accroître les baisses de cotisations sociales sur les bas salaires (le fameux CICE, qui a fait la preuve de son inefficacité). Il rabotera aussi l’impôt sur la fortune et fera tomber l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %.

Pour enrober le tout, l’ancien banquier d’affaires propose quelques cadeaux fiscaux, comme l’a fait avant lui François Hollande. La taxe d’habitation doit être supprimée pour 80 % des foyers. Et le pouvoir d’achat des smicards doit être revalorisé, grâce à une augmentation de moitié de la prime d’activité et un tripatouillage fiscal (fusion des cotisations maladie et chômage dans une hausse de la CSG).

Sur le front de l’emploi, le remède est également inchangé, mais c’est la posologie qui se renforce. Pour « flexibiliser » le marché du travail, une nouvelle loi travail est promise pour que les entreprises puissent, par accord, modifier les conditions de travail et de salaire, et déroger à la loi. L’assurance chômage sera élargie aux indépendants et aux salariés démissionnaires – une protection nouvelle – moyennant quoi « les prestations seront strictement conditionnées [aux] efforts de recherche, avec un contrôle drastique » des chômeurs.

Emmanuel Macron se distingue en revanche de François Hollande par ses mesures ciblant la fonction publique. Retour du jour de carence pour les agents territoriaux en cas d’arrêt maladie, recrutements hors statut, salaires au mérite : la fonction publique aura, elle aussi, sa loi travail. L’ancien inspecteur des finances prévoit surtout la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires (à peine 30 000 de moins qu’entre 2007 et 2012, sous Sarkozy). Le tout assorti d’une nouvelle louche de baisse des dotations aux collectivités : 10 milliards, soit la même cure que durant le quinquennat qui s’achève. Il faut, dit-il, « mettre sous tension l’appareil d’État ». Avec une chasse aux coûts d’une ampleur inédite : 25 milliards d’économies sur le fonctionnement de l’État, soit deux fois ce qu’a économisé Nicolas Sarkozy avec sa RGPP [^1], et des dégâts considérables sur les services publics. Au total, Emmanuel Macron compte raboter 60 milliards d’euros de dépenses publiques pour financer un plan d’investissement dans la formation et la transition énergétique (50 milliards). C’est donc en droite ligne des politiques néolibérales à l’œuvre depuis quarante ans que le candidat « antisystème » se présente aux Français.

[1] Révision générale des politiques publiques.