Philippe Lamberts ou l’éthique européenne

Le 18 juin sur France Inter, le coprésident belge du groupe des Verts au Parlement européen a offert aux auditeurs près de quarante minutes d’une passionnante leçon éthique et politique sur l’Europe.

Christophe Kantcheff  • 21 juin 2017
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Philippe Lamberts ou l’éthique européenne
© photo : DIRK WAEM / BELGA MAG / BELGA

On devrait multiplier les scrutins. Je ne plaisante pas : ces périodes ont leurs avantages. Par exemple, durant les week-ends d’élection, on ne peut évoquer publiquement la politique française. Or, que faites-vous quand vous animez le dimanche une émission sur France Inter, de midi à 14 heures, intitulée « Questions politiques » ? Vous parlez d’un sujet réputé peu attractif par les médias eux-mêmes : l’Europe ! Nicolas Demorand a ainsi invité le 18 juin le député européen (et belge) Philippe Lamberts. Un dangereux, un sulfureux. Du genre à prendre la parole au Parlement, en sa qualité de coprésident du groupe des Verts, pour dénoncer une « faillite morale » à propos de l’accord entre l’UE et la Turquie sur le sort des réfugiés syriens. Et fustiger la France, qui se drape du titre de pays des droits de l’homme « plus souvent qu’à son tour ».

Philippe Lamberts a ainsi offert aux auditeurs près de quarante minutes d’une passionnante leçon éthique et politique sur l’Europe, avec un indéniable charisme et une vigueur de ton non dénuée d’espièglerie. Ayant situé son combat – « le bloc de la pensée unique, les libéraux, les conservateurs et la majorité du groupe socialiste, qui favorise la dictature du profit à court terme » –, il a expliqué avec précision comment les politiques fuient leurs responsabilités. Celui qui a contribué à imposer la limitation des bonus des banquiers a raconté la duplicité de certains ministres, glissant à la Commission l’idée d’une réforme impopulaire pour montrer aux électeurs qu’elle leur est imposée. Le manque de transparence des processus de décision et les conflits d’intérêts sont dans son collimateur. Il y oppose des mesures qui introduiraient plus de démocratie.

Ne cachant pas sa foi chrétienne, il n’en fait pas une « maladie honteuse ». Ni « un étendard » à la manière du Parti populaire européen, qui en même temps représente « le noyau dur de la défense des détenteurs de capitaux ». « Pour moi, c’est incompatible », tranche Philippe Lamberts. Rêvant d’une majorité authentiquement de gauche au Parlement, il a pris la suite de Dany Cohn-Bendit à la tête du groupe des Verts mais ne se reconnaît sûrement pas comme son successeur politique. S’il n’a pas (encore ?) le statut de vedette médiatique, il est un écolo comme il n’y en a plus à l’Assemblée nationale française. Préservons cette espèce !

Culture
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