Hamon joue la carte « Génération.s »

Samedi dernier, au Mans (Sarthe), Benoît Hamon a annoncé le nouveau nom de sa formation, Génération.s, qui a adopté une charte pour définir son identité politique : écologiste, plurielle, démocratique, et fédéraliste sur le plan européen.

Pauline Graulle  • 5 décembre 2017 abonné·es
Hamon joue la carte « Génération.s »
© photo : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Il le sait : c’est une longue marche qui l’attend. Après le faux départ du 1er juillet dernier – un meeting prématuré et pluvieux pour lancer un mouvement au nom abscons (le « M1717 ») –, Benoît Hamon veut donc repartir du bon pied. Réunissant ses troupes, samedi dernier, au Mans (Sarthe), il a annoncé le nouveau nom de sa formation : Génération.s. Lors d’une longue assemblée générale, où les 1 500 militants présents ont voté à main levée sur certaines dispositions, une charte a été adoptée pour définir l’identité politique du mouvement : une gauche écologiste, plurielle, démocratique, et fédéraliste sur le plan européen.

Sur le papier, l’idée de proposer une alternative au populisme teinté de souverainisme incarné par Jean-Luc Mélenchon n’a rien d’absurde. Mais le passage aux travaux pratiques s’annonce très compliqué. Premier handicap : le manque d’argent. Pour l’instant pauvre en élus (un seul député, une dizaine d’élus à la Région Île-de-France, deux eurodéputés et quelques élus municipaux), Génération.s compte sur la générosité de ses 42 000 soutiens. Un « fundraiser » (collecte de fonds) professionnel est aujourd’hui chargé de convaincre les militants de mettre la main à la poche. Mais avec ses 5 000 donateurs et un panier moyen qui plafonne à 30 euros (hors élections), le mouvement fait pâle figure comparé à la France insoumise (FI), laquelle, grâce à ses bons scores aux élections du printemps dernier, pourra compter sur un apport d’argent public de l’ordre de 4 millions d’euros chaque année pendant cinq ans. Bref, c’est le pot de terre contre le pot de fer…

Du reste, il n’est pas du tout sûr que la belle « alliance des progressistes », dont le premier acte serait joué aux européennes de 2019, existe un jour. Si la « coordination politique provisoire » – les quelque trente personnes qui se réuniront chaque lundi soir dans un petit local parisien – accueille quatre écolos notoires (Noël Mamère, Pierre Serne, Yves Contassot, et Claire Monod), EELV compte bien résister à l’OPA hamoniste. Quant aux communistes, ils doivent d’abord se reconstruire avant d’envisager de nouvelles alliances.

Sur France Inter, en début de semaine, Benoît Hamon estimait que « la frontière n’est pas imperméable » entre Génération.s et la France insoumise. Samedi, au Mans, les insoumis invités, et venus « par politesse », suivre les débats avaient toutefois l’air circonspect. L’un : « Franchement, cette réunion me rappelle le meeting de lancement du Parti de gauche, le 29 novembre 2008, à l’île des Vannes ». Autre manière de dire que Benoît Hamon part avec dix ans de retard…

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